Conférence de dialogue national en Syrie : le président promet le "monopole" de l'État sur les armes

Le président syrien par intérim Ahmed al-Charaa a plaidé, mardi 25 février, à garantir le "monopole" de l'État sur les armes lors d'un discours prononcé à l'occasion de l'ouverture de la conférence de dialogue national sur l'avenir de la Syrie

Ahmed al-Charaa avait été nommé en janvier président par intérim, après l'offensive menée par le groupe radical islamiste Hayat Tahrir al-Cham (HTC) qui a pris le pouvoir le 8 décembre à Damas, et avait annoncé qu'il mettrait en place un dialogue national durant la période de transition.

Des représentants de la société civile, des communautés religieuses, des personnalités de l'opposition et des artistes participent à Damas à cette conférence, censée représenter tous les Syriens.

L'administration autonome kurde qui contrôle une grande partie du nord-est de la Syrie et les Forces démocratiques syriennes (FDS), son bras armé, n'ont pas été invitées à y participer. Selon les organisateurs, aucune entité armée n'a reçu d'invitation.

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"La Syrie n'accepte pas la division, elle est un tout intégré et sa force réside dans son unité", a lancé Ahmed al-Charaa dans son discours d'ouverture. "Le monopole des armes entre les mains de l'État n'est pas un luxe, mais un devoir et une obligation", a-t-il affirmé.

Le nouveau pouvoir avait annoncé la dissolution de l'armée syrienne et de toutes les factions armées rebelles, dont HTC dirigé par Ahmed al-Charaa.

Les nouvelles autorités syriennes ont formé à la mi-février une commission de sept personnes, dont deux femmes, chargée de préparer cette conférence. Deux membres de cette commission avaient affirmé dimanche que des rencontres avaient été organisées "dans plusieurs provinces syriennes, avec la participation de quelque 4 000 hommes et femmes".

Après une rencontre d'accueil et un dîner de bienvenue lundi, les travaux de la conférence ont débuté mardi au palais présidentiel avec des discussions et des ateliers.

"Rétablir les droits" des Syriens

La commission préparatoire avait assuré que la conférence mettrait l'accent sur "la justice de transition, la Constitution, la réforme des institutions et de l'économie, l'unité du territoire syrien, ainsi que les libertés publiques et individuelles, et les libertés politiques".

Dans ce contexte, Ahmed al-Charaa a annoncé mardi qu'il mettrait en place une commission pour travailler sur la justice de transition dans le but de "rétablir les droits" des Syriens.

"Nous avons travaillé au cours des deux derniers mois pour poursuivre les auteurs de crimes contre les Syriens, et nous travaillerons à former une commission pour la justice de transition qui rétablira les droits des gens et, si Dieu le veut, leur rendra justice et traduira les criminels en justice", a-t-il déclaré.

La conférence représente "la première étape d'un long processus national" visant à "construire une nouvelle identité nationale syrienne qui préserve la paix civile", avait expliqué la commission préparatoire. Elle doit émettre des recommandations "qui serviront de base" pour un plan de réforme des institutions.

Un gouvernement provisoire est chargé de gérer les affaires courantes jusqu'au 1er mars, date à laquelle la Syrie doit se doter d'un nouveau gouvernement reflétant "la diversité" du peuple syrien, selon les nouvelles autorités.

L'administration autonome kurde s'était dite inquiète que la commission préparatoire soit constituée "à partir d'un seul spectre politique et idéologique, ce qui porte atteinte au principe de représentation équitable et inclusive de toutes les composantes du peuple syrien".

Ahmed al-Charaa avait précédemment déclaré que les forces dirigées par les Kurdes devraient être intégrées à l'armée nationale. "La paix nationale est un devoir pour tous les citoyens", a-t-il réaffirmé mardi.

Avec AFP