«Je suis un peu paniquée pour être honnête» : la détresse des étudiants chinois sur la guerre entre Trump et Harvard

Des étudiants chinois consternés ont fait part ce vendredi de leur crainte pour leur avenir académique, après que le président Donald Trump a interdit à la prestigieuse université Harvard d'accueillir des étudiants étrangers. L'escalade brutale de la querelle de longue date entre l’actuel président et l’université d'élite, située dans le Massachusetts, est intervenue au moment où les tensions entre Washington et Pékin sont à leur comble.

Près de 1300 étudiants chinois sont actuellement inscrits à Harvard selon les chiffres officiels et des centaines de milliers d'autres étudient dans d'autres universités aux États-Unis, un pays que beaucoup de Chinois ont longtemps perçu comme phare de la liberté et de la rigueur académiques.

Consultant pour les étudiants qui souhaitent entrer dans les meilleures universités des États-Unis, Xiaofeng Wan a confié avoir reçu des appels de clients paniqués toute la soirée. «Des questions me furent posées non seulement par des familles, mais aussi par des conseillers d'éducation en Chine, y compris des directeurs d'écoles secondaires : ils étaient toujours sous le choc de la nouvelle. Ils ne voulaient pas y croire».

Une vaste offensive contre l’enseignement supérieur

Ce vendredi, dans les rues de Pékin, des jeunes espérant étudier aux États-Unis ont confié craindre que leurs ambitions académiques ne soient désormais compromises. «Je suis un peu paniquée pour être honnête», a avoué Jennifer, 20 ans, précisant avoir prévu d'aller étudier aux États-Unis à l'automne. Jennifer n'avait pas l'intention de s'inscrire à Harvard. Mais «les coupes de budget et les restrictions aux inscriptions concernent toutes les universités aux États-Unis, qu'importe où on s'inscrit», a dit la jeune femme qui a refusé de donner son nom de famille.

Elle craint que les politiques de Donald Trump ne puissent influencer ses chances d'être acceptée à l'Université d'État de l'Ohio, qui a indiqué le mois dernier que le gouvernement fédéral a révoqué les visas d'au moins sept de ses étudiants internationaux. «Mes camarades et moi nous avons l'impression qu'il n'y a pas particulièrement de bonne solution à ce problème, autre que celui d'être pessimiste», ajoute-t-elle.

L'administration Trump a lancé une vaste offensive contre l'enseignement supérieur aux États-Unis, accusant les universités privées les plus prestigieuses, notamment Harvard et Columbia, d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme et de n'avoir pas suffisamment protégé les étudiants juifs pendant les manifestations contre la guerre d'Israël à Gaza.

280.000 étudiants chinois aux États-Unis

La ministre américaine de la Sécurité intérieure Kristi Noem, a écrit sur X que la décision de jeudi tiendrait également Harvard «pour responsable de la coordination avec le Parti communiste chinois sur son campus», sans donner de détails. Harvard a qualifié cette révocation d«'illégale». «La Chine s'est toujours opposée à la politisation de la coopération éducative», a réagi vendredi le ministère chinois des Affaires étrangères, estimant que cette démarche «ne fera que nuire à l'image et à la réputation internationale des États-Unis».

Bien que le nombre d'étudiants chinois dans les universités américaines soit en déclin depuis plusieurs années, l'année scolaire 2023-2024 en comptait près de 280.000, selon les chiffres du département d'État américain et de l'Institut de l'éducation internationale.