1935, Hitler réarme l’Allemagne sans contrainte et sans résistance

Depuis la publication de Mein Kampf, en 1925-1926, la vision qu’a Hitler des affaires allemandes et internationales est connue. Et s’il parvient au pouvoir en janvier 1933 par des moyens légaux, c’est au terme d’une décennie de violences et avec le soutien d’une bonne partie de l’industrie et de la finance qui, outre-Rhin, trouvent en lui à la fois un rempart contre le « bolchevisme » et un moyen de briser le carcan du traité de Versailles qui, depuis 1919, contraint l’Allemagne. Celle-ci n’a plus d’armée, plus d’aviation militaire, plus de marine de guerre.

Quand, après avoir récupéré en janvier 1935 la Sarre et son charbon, placés sous mandat de la Société des Nations (SDN) et administrés par la France, le Führer annonce, coup sur coup, la formation d’une armée de l’air, la Luftwaffe, dirigée par Göring (14 mars 1935), le rétablissement du service militaire obligatoire (16 mars) et la transformation de la vieille Reichswehr en Wehrmacht, les chancelleries européennes peuvent difficilement jouer la surprise.

Violation du traité de Versailles

Elles font, cependant, mine de s’offusquer et annoncent une réunion à Stresa, en Italie, de délégations italienne, française et britannique. La conférence s’ouvre au palais Borromée, sur Isola Bella, une des îles du lac Majeur, le 11 avril 1935 et dure jusqu’au 14. Elle est présidée par Benito Mussolini et comprend le Premier ministre britannique, Ramsay MacDonald, et le président du Conseil français, Pierre-Étienne Flandin et son ministre des Affaires étrangères, Pierre Laval.

Si la France, l’Italie et la Grande-Bretagne y réaffirment leur attachement aux traités qui ont établi la « paix de Versailles », rien de concret n’en sort. Mussolini s’apprête à attaquer l’Éthiopie. La Grande-Bretagne négocie déjà avec Berlin, en parfaite violation du traité de Versailles, un traité naval, signé le 18 juin 1935, qui permet à l’Allemagne d’augmenter le tonnage de sa flotte militaire jusqu’à 35 % de celui de la flotte britannique et de récupérer des sous-marins. Les Anglais seront les premiers à en faire les frais en 1940.