Manœuvres chinoises : Taïwan annonce être encerclée par des dizaines d'avions et navires de guerre
Pékin accentue sa pression sur Taïwan. L’armée populaire de Chine a déployé de nombreux bâtiments de guerre dans le cadre d’un exercice militaire important dans le détroit qui sépare l’Empire du Milieu et l’ancienne île de Formose. Au cours de ces manœuvres d’envergure, commencées ce mardi, Pékin a annoncé avoir mené des «exercices de tir réel longue portée» et simulé des «frappes sur des ports et des infrastructures énergétiques clés». Le Figaro fait le point sur la situation.
Taïwan encerclé par des navires de guerre
Pékin mène des exercices de grande ampleur dans le détroit de Taïwan. L’île est encerclée par des dizaines d'avions et de navires de guerre chinois, a annoncé mercredi son ministère de la Défense, alors que Pékin organise pour la deuxième journée consécutive des exercices militaires visant l'île dont Pékin revendique la souveraineté.
Le ministère taïwanais a détecté 27 avions chinois, 21 navires de guerre et 10 bateaux de garde-côtes entre 06h08 et 13h30, a déclaré un responsable de la défense à la presse.
Des manœuvres militaires d’envergure menées ce mercredi
L’armée chinoise a annoncé avoir mené ce mercredi des «exercices de tir réel longue portée» et simulé des «frappes sur des ports et des infrastructures énergétiques clés» lors de manœuvres militaires d’envergure autour de l’ancienne Formose. Les forces armées chinoises ont «mené des exercices de tir réel à longue portée» et conduit «des frappes de précision sur des cibles simulées de ports clés et d’installations énergétiques», a déclaré le porte-parole du Commandement du Théâtre Oriental de l’armée chinoise, Shi Yi, dans un communiqué.
Sous le nom de code «Tonnerre dans le détroit- 2025A», l’opération vise à tester les capacités des troupes en matière de «contrôle des zones» et de «blocus», a précisé Shi Yi. Elle comprend des «exercices de tir réel longue portée» et des simulations des «frappes sur des ports et des infrastructures énergétiques clés», a ensuite précisé le porte-parole. Le ministère de la Défense taïwanais a confirmé le début de ces exercices, sans fournir davantage de précisions.
Pékin a déployé un porte-avions
Pékin a en outre déployé son porte-avions Shandong lors des exercices. Le bâtiment a mené des exercices qui impliquaient «la coordination navire-avion, la prise de contrôle de la supériorité aérienne de la zone et des frappes sur des cibles terrestres et maritimes», a déclaré le porte-parole, ajoutant qu’ils testaient les compétences des troupes en matière de «blocus et de contrôle multidimensionnels» de l’île.
Ces nouveaux exercices, surviennent quelques jours après une tournée en Asie du secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, qui a affirmé que Washington assurerait la «dissuasion» dans le détroit de Taïwan. Cette zone de passage clé pour le transport maritime mondial, est un point de tension majeur entre grandes puissances, en particulier la Chine et les États-Unis. Ces derniers sont le principal fournisseur d’armes de Taïpei depuis des décennies, mais entretiennent une «ambiguïté stratégique» quant à leur intervention en cas d’attaque chinoise. Washington a réagi mercredi en condamnant «des activités militaires et une rhétorique agressive de la Chine» qui «exacerbe les tensions et met en danger la sécurité régionale et la prospérité du monde».
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La Chine a multiplié les exercices à grande échelle autour de Taïwan ces dernières années, déployant avions de chasse et navires de guerre pour appuyer sa revendication de souveraineté, rejetée par Taïpei. Ce mardi, elle avait mobilisé des forces terrestres, navales et aériennes autour de l’île, entraînant l’envoi d’avions et de navires par le gouvernement taïwanais, et le déploiement de ses systèmes de missiles. Le ministère de la Défense taïwanais a déclaré avoir détecté mardi 21 navires de guerre autour de l’île, dont le porte-avions Shandong, 71 avions et quatre navires de garde-côtes.
Il s’agit du nombre le plus élevé de navires de guerre détectés en une seule journée depuis près d’un an, et le plus grand nombre d’avions depuis octobre 2024. L’Union européenne avait mis en garde mardi contre «toute action susceptible d’aggraver les tensions». , et a condamné tout comme Washington cette démonstration de force.
La pression est montée d’un cran depuis l’arrivée du nouveau président taïwanais en 2024
Ces exercices constituent «une série de tests de résistance» pour évaluer la force du soutien de Washington à Taïwan et à d’autres alliés dans la région, estime Wen-Ti Sung, analyste au centre de réflexion américain Atlantic Council. Ces manœuvres sont également décrites par les experts comme des répétitions pour un encerclement de l’archipel, un scénario jugé plus probable qu’une invasion totale, plus risquée et plus facile à anticiper.
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La pression est par ailleurs montée d’un cran depuis l’élection du président taïwanais Lai Ching-te en 2024, qui soutient que Taïwan est «déjà un pays indépendant» et a récemment qualifié la Chine de «force hostile étrangère». Ce mardi, en parallèle de ses manœuvres, l’armée chinoise a publié une vidéo représentant le dirigeant taïwanais en insecte «parasite» brûlant sur un brasier.
Les revendications du Parti communiste chinois sur l’ancienne île de Formose remontent à 1949, lorsque les Républicains chinois s’y sont réfugiés après leur défaite face à l’armée communiste. Peuplée par des peuples autochtones depuis des milliers d’années, l’île a été partiellement contrôlée par les Espagnols, les Hollandais, la dynastie chinoise des Qing, puis intégralement par le Japon jusqu’en 1945.