Une enquête de la SNJ alerte sur de présumées violences sexistes et sexuelles à France Médias Monde
Un malaise profond mis au jour à France Médias Monde ? C’est ce qu’induit une consultation interne menée par le Syndicat national des journalistes (SNJ), qui révèle des violences sexistes et sexuelles au sein du groupe. D’après les résultats, auxquels Libération a eu accès, 30 % des répondants affirment avoir été victimes de tels agissements, tandis que 47 % disent en avoir été témoins.
L’enquête, réalisée à la fin de l’année 2024, repose sur un questionnaire anonyme envoyé aux salariés du groupe, à l’exception de certains personnels externalisés, comme les agents de sécurité ou de restauration. Sur les quelque 2 000 employés que compte FMM (RFI, France 24 et Monte Carlo Doualiya compris), 245 ont participé à la consultation. Parmi eux, 82 % des personnes se déclarant victimes sont des femmes.
Des chiffres « alarmants »
Les faits signalés recouvrent différentes formes de violences : des propos sexistes (59 cas), du harcèlement sexuel (18 cas), des agressions sexuelles (9 cas) et deux cas de viol. Dans la majorité des situations, les auteurs présumés sont des employés de l’entreprise, dont 29 occupent une fonction hiérarchique supérieure. L’étude met également en évidence un taux de non-signalement élevé : 74 % des victimes présumées n’ont pas osé dénoncer les faits, craignant des représailles, une forme d’impunité ou un manque de soutien de la direction.
Le SNJ qualifie ces chiffres d’« alarmants », soulignant qu‘« un travail de prévention important reste à mener » au sein du groupe. Le syndicat appelle la direction à renforcer ses dispositifs et à publier annuellement le nombre de signalements traités, ainsi que les sanctions appliquées.
Interrogée par Libération, la direction de FMM affirme que les faits rapportés dans cette consultation n’avaient pas été signalés précédemment et ne font mention d’aucun individu nommé. Concernant les deux cas de viols présumés, elle précise qu’aucun signalement n’avait été effectué ni auprès de la direction, ni des élus du personnel ni via une plainte officielle. Face à ces révélations, elle indique avoir « procédé à un signalement auprès du procureur de la République, conformément à l’article 40 du code de procédure pénale ».
France Médias Monde annonce des mesures
La direction rappelle qu’en dix ans, treize cas de violences sexistes et sexuelles ont été officiellement signalés, chacun ayant donné lieu à des mesures appropriées, « allant de la formation au licenciement ». Un chiffre bien en deçà des résultats de l’enquête, qui ne concerne pourtant qu’un échantillon des salariés.
Dans un communiqué interne, FMM annonce plusieurs mesures pour renforcer la lutte contre les VSS : une campagne d’affichage de sensibilisation, un accompagnement juridique et psychologique externe pour les salariés concernés, ainsi qu’un baromètre annuel recensant les signalements et sanctions. Une attention particulière sera également accordée aux statuts précaires (stagiaires, pigistes, correspondants, alternants) afin d’améliorer leur information et leur protection.
Si des dispositifs de prévention existent déjà, leur efficacité reste limitée par un manque de visibilité en interne. Plusieurs salariés interrogés par Libération affirment n’avoir jamais été informés de ces dispositifs. Une lacune que le syndicat exhorte la direction à combler au plus vite, notamment pour les employés les plus vulnérables.
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