« C’est un cargo à la dérive » : tensions au sein des rédactions numériques de BFMTV et RMC
Une rédaction qui se vide, des chefs qui partent sans être remplacés, des équipes à bout de souffle : dans les couloirs du pôle numérique de BFMTV et RMC, le malaise grandit. Dans une lettre, datée de la semaine dernière, les salariés dénoncent un « cargo à la dérive » et se disent prêts à se « mobiliser ».
« La direction est décimée. En trois mois, les rédactions digitales ont perdu un directeur délégué à l’information digitale, un directeur des rédactions numériques, un directeur adjoint des rédactions numériques et quatre rédacteurs en chef. Début avril, le digital se retrouvera sans direction », peut-on lire dans ce courrier dont le contenu a été révélé par nos confrères de Challenges.
Le service web des BFM Locales a ainsi perdu un tiers de ses effectifs, six postes ont disparu à BFM Business et, d’ici fin avril, huit postes seront supprimés au service vidéo, où il arrive qu’il y ait plus de chefs que de journalistes chargés de produire du contenu. « À tous les étages, dans tous les services, le manque d’effectifs est criant », alertent les salariés, évoquant déjà une trentaine de départs.
Des interrogations sur le projet éditorial
Dans un communiqué publié le 10 mars et intitulé « Qu’attend la direction ? », les syndicats CGT RMC-BFM et SNJ dénoncent un « attentisme » qui pèse sur les conditions de travail. « Les équipes naviguent à vue, entre surcharge de travail, remplacements de dernière minute et horaires décalés », peut-on y lire. L’absence d’un projet éditorial clair renforce le malaise. Beaucoup s’interrogent sur la ligne directrice du digital et l’avenir des rédactions numériques.
Cette période de turbulences intervient dans un contexte de transition depuis le rachat du groupe par CMA CGM, présidé par le milliardaire franco-libanais, Rodolphe Saadé. Face à ces incertitudes, plusieurs journalistes ont activé leur clause de conscience, quittant l’entreprise pour cause de désaccord avec le nouvel actionnaire. Le départ du directeur de la rédaction, Ivan Valerio et de son adjoint, Mathieu Dehlinger a accentué les inquiétudes quant à la stabilité de l’équipe numérique.
Dans ce climat tendu, l’annonce le 12 mars de l’arrivée de Régis Ravanas, actuel président des radios du groupe M6, à la direction générale de BFM RMC, marque une nouvelle étape. Nicolas de Tavernost, président par intérim, a justifié ce choix en soulignant ses qualités humaines et professionnelles : « C’est quelqu’un aux expériences très variées dans le secteur audiovisuel et dont les rapports humains, très importants dans nos métiers, ont toujours constitué un élément appréciable de sa personnalité », a-t-il souligné dans un message interne consulté par l’AFP.
La mobilisation pourrait se renforcer
Les audiences ne sont pas en meilleure posture, confirmant les difficultés du numérique. Selon l’Alliance pour les chiffres de la presse et des médias (ACPM), le site et les applications de BFMTV ont enregistré une baisse de 5 % en janvier, par rapport à l’année précédente. Autrefois bien positionnée dans le classement des sites d’information, la chaîne d’info en continu se retrouve désormais en cinquième position, derrière France Info, Le Figaro, Le Monde et Ouest-France.
Un CSE est prévu ce vendredi 14 mars, où les salariés espèrent obtenir des réponses claires sur l’avenir du pôle digital. Faute d’engagement concret de la direction, la mobilisation pourrait se renforcer.
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