Zelensky veut s'entendre avec Washington sur un plan pour "arrêter Poutine" avant de parler de paix

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté Washington à convenir d'un plan pour "arrêter" la Russie dans sa guerre avant le lancement de tous pourparlers de paix avec Moscou.

Le Kremlin a affirmé pour sa part qu'il n'y avait pour le moment aucune décision sur la date de la rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine et que cela pourrait "prendre des mois". Avant d'assurer que l'Ukraine participerait aux pourparlers de paix "d'une manière ou d'une autre", mais qu'il existera un canal de discussion distinct entre les États-Unis et la Russie sur le conflit, d'après le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, cité par l'agence Tass.

Dans la soirée de jeudi, Donald Trump a affirmé que l'Ukraine ferait bien partie des négociations pour mettre un terme à la guerre avec la Russie, affirmant que le président russe Vladimir Poutine "veut la paix". "Je pense qu'il me le dirait s'il ne le voulait pas", a ajouté le président américain

Dans un message sur X relatant un échange téléphonique avec le Premier ministre polonais Donald Tusk, Volodymyr Zelensky a affirmé avoir "mis en garde les dirigeants internationaux sur la confiance à accorder aux déclarations de Poutine disant être prêt à mettre fin à la guerre".

Plus tôt dans la journée, le président ukrainien avait souligné que les réunions entre l'Ukraine et les États-Unis constituaient "la priorité" pour lui. "Et ce n'est qu'après ces réunions, après l'élaboration d'un plan pour arrêter Poutine, que je pense qu'il sera juste de parler aux Russes", a-t-il ajouté.

Zelensky veut les Européens à la "table des négociations"

Volodymyr Zelensky a aussi estimé que les Européens devaient avoir une place à la "table des négociations", faisant écho à un appel similaire de plusieurs dirigeants de l'UE. "Nous faisons partie de l'Europe et nous serons certainement membres de l'Union européenne. C'est important pour nous. Ils nous ont beaucoup aidés", a-t-il plaidé.

Les Européens considèrent qu'une paix durable en Ukraine est inséparable de la sécurité du continent. La paix doit être plus qu'un "simple cessez-le-feu", a mis en garde jeudi Antonio Costa, le président du Conseil européen, qui regroupe les dirigeants des 27 de l'UE.

Parmi différentes lignes rouges tracées par l'administration Trump, les États-Unis ont martelé qu'une adhésion de l'Ukraine à l'Otan n'était pas réaliste, tout comme un retour de ce pays à ses frontières d'avant 2014, c'est-à-dire avec la Crimée, annexée cette année-là par Moscou. Autant d'annonces qui ont provoqué la satisfaction des dirigeants russes, pressés de vouloir élargir les discussions à la "sécurité en Europe".

Par la voix du chef du Pentagone, présent jeudi à Bruxelles, Washington a pourtant promis que l'ouverture de ces discussions n'était en rien une "trahison" vis-à-vis de l'Ukraine.

Les Ukrainiens sont "forts"

Dans le camp ukrainien, la prudence est de mise, sur fond de grandes incertitudes. "Là, maintenant, le message est que nous continuons. Nous sommes forts, nous sommes capables", a lancé, de Bruxelles, le ministre ukrainien de la Défense Roustem Oumarov, sans toutefois donner davantage de détails.

À Moscou, un ancien combattant russe, interrogé par l'AFP, pense le contraire, résumant à sa façon la situation : "Nous gagnerons, c'est clair. Tôt ou tard, les Ukrainiens se rendront", tranche-t-il, car "l'Europe les a en quelque sorte abandonnés" et "Trump est agacé parce qu'il ne veut pas les parrainer davantage".

L'annonce de l'ouverture "immédiate" de négociations de paix sur l'Ukraine et le discours de vérité du nouveau secrétaire américain à la Défense, exigeant des Européens qu'ils se prennent en main, a eu l'effet d'un coup de tonnerre au siège de l'Alliance.

"C'est un grand moment de vérité" pour l'avenir de l'Otan, a noté le ministre français de la Défense Sébastien Lecornu. 

Balayant ces doutes, Pete Hegseth a proclamé jeudi que Donald Trump était le "meilleur négociateur de la planète" et le seul capable de permettre d'arriver à une paix "durable" en Ukraine.

Et selon une source proche de la réunion jeudi du Conseil Otan-Ukraine, il a affirmé aux autres membres de l'Alliance atlantique que le soutien militaire américain serait maintenu tant que dureront les négociations.

Avec AFP et Reuters