C’est un premier film délicat, singulier, inquiet qui cherche son équilibre entre le cinéma de genre et les films intimistes de la Nouvelle Vague. Avec La Morsure, le jeune réalisateur Romain de Saint-Blanquat a su adroitement jouer les funambules entre les styles, les époques, le jour et la nuit, la réalité et le rêve, ou le mythe d’Eros et Thanatos.
Nous sommes en 1967, pendant le Mardi gras. Dans cette France pré-soixante-huitarde, qui pense que son modèle de société patriarcal va durer, on sent poindre les germes d’une révolte adolescente. En blouse bleue, une croix pendue au cou et les cheveux tirés en arrière, l’héroïne, Françoise (Léonie Dahan-Lamort, formidable de fragilité fébrile), se façonne une identité contestataire. Pensionnaire d’un lycée catholique strict dirigé par des religieuses à cornettes, la jeune fille fait un cauchemar qu’elle pense prémonitoire: elle se voit brûlée vive comme une sorcière. Persuadée qu’il ne lui reste plus qu’un jour à vivre, elle décide avec son…