REPORTAGE. "Il faut que le gouvernement protège ce lieu" : en Syrie, le site de Palmyre espère voir revenir les touristes
Le site de Palmyre est désert, dix ans après le saccage de la cité antique par les jihadistes. Ahmad est le seul visiteur qui déambule au milieu des ruines. C'est la première fois qu'il rentre après douze ans d'exil. "Je n'avais pas encore vu Palmyre ravagée, raconte Ahmad. Quand Daesh est venu, nous avions dû fuir la ville. Maintenant je peux venir la montrer à mes neveux qui ne la connaissaient pas. Palmyre est l'héritière d'une grande civilisation."
Les enfants jouent sur la scène du théâtre antique, là où quelques années plus tôt, Daesh avait mis en scène l'exécution de 25 prisonniers par des enfants-soldats. Quelques colonnades plus loin, le temple de Belshamin devait fêter ses 2 000 ans d'existence. Il n'en reste plus qu'une porte, le reste a été dynamité par l'État islamique.
Des pièces antiques volées
La cité antique a été détruite partiellement par l'organisation terroriste en 2015. Les quatorze années de guerre en Syrie ont laissé un territoire en ruines et ravagé un patrimoine archéologique irremplaçable. Hassoon, un vendeur de souvenirs, se souvient de cette époque où les gens venaient encore l'admirer. "Avant, il y avait plein de touristes. Jusqu'à 30 ou 40 bus par jour, décrit Hassoon. Ils venaient de France, d'Espagne, d'Italie et d'Allemagne, de partout ! Il faut que le gouvernement protège ce lieu. Et si on le reconstruit, les gens du monde entier viendront de nouveau le visiter."
Difficile, pour l'instant, d'imaginer un retour des touristes. Les derniers membres de Daesh sont encore tout autour dans le désert, tuent régulièrement des civils sur la route de Palmyre. À l'entrée de la cité, le musée est presque entièrement vide, les objets ont été pillés, les statues décapitées ou détruites à coups de masse. À peine quelques-unes ont pu être sauvées, elles sont aujourd'hui à Damas. Le directeur des antiquités de Syrie, Nazir Awad, s'inquiète surtout de l'absence de protection du site et des pillages : "Il y a beaucoup de gens qui fouillent et qui volent. Il n'y a pas de police. C'est une catastrophe."
"Il faut faire quelque chose parce que la Syrie est un pays très important pour l'histoire ancienne."
Nazir Awad, directeur des antiquités de Syrieà franceinfo
Dans les jardins du musée national que dirige Nazir Awad, de nombreuses pièces de la cité antique attendent de pouvoir revenir à Palmyre. Au moins 4 000 autres ont déjà été volées pendant la guerre. Des trésors qui atterrissent parfois chez des antiquaires européens et que le musée essaie à tout prix de rapatrier.