Mathilde Levesque, autrice : « À cause de nos résistances collectives, certaines victimes n’arrivent pas à dire qu’elles ont été violées »

Mathilde Levesque pensait n’assister que quelques jours au procès de Dominique Pelicot, pour donner un cours sur la rhétorique des audiences à ses élèves du lycée Voillaume, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Pour « mille raisons », elle n’a pu s’extraire de cette affaire suivie dans le monde entier.

Déréalisation, euphémisation… de son analyse des discours au long cours, l’agrégée de lettres modernes a fait un livre : Procès Mazan. Une résistance à dire le viol (Payot). Une réflexion sociétale, qui s’étend au-delà du prétoire, sur l’enjeu de la parole dans les violences sexuelles, alors que le Sénat se penche sur la définition pénale du viol ce mercredi 18 juin.

Au niveau des discours, qu’est-ce qui vous a marqué dans ce procès ?

J’ai été frappée par un décalage, une confusion des voix. Nous n’étions jamais au bon endroit : le discours d’un expert trop complaisant aurait pu être celui tenu par un avocat de la défense ; pour expliquer le « viol d’opportunité », un psychiatre employait un...