REPORTAGE. "Nous sommes libres grâce à vous, vous êtes propre grâce à nous" : en Ukraine, une laverie souterraine mise à dispositions des soldats
Une délégation ukrainienne sera lundi 2 juin à Istanbul pour négocier avec le camp russe, 15 jours après une première session qui n’avait rien permis d’autre qu’un vaste échange de prisonniers. Et la perspective de ces nouveaux pourparlers ne convainc pas davantage les soldats ukrainiens, en proie à des réalités beaucoup plus terre à terre. Notamment cette question : comment garder un uniforme propre sur le front ? Dans le Donbass, une laverie souterraine a été installée spécialement pour eux par des volontaires de l'association de Mikhaïlo.
La ligne de front est à quinze kilomètres de ce sous-sol réaménagé de Droujkivka, où tout est fait pour l'oublier un peu. Les murs sont entièrement peints en rose, une couleur rafraîchissante dans le quotidien gris des soldats, et dans une bonne odeur de propre. Trente-six machines à laver tournent en permanence.
"Notre grande famille ukrainienne"
Valentin, simple fantassin, vient de récupérer son deuxième uniforme lavé et séché. Avant, il devait faire lui-même sa lessive à la main, entre deux combats. Il tient en ce moment les positions près de Toretsk. Ruslan, qui est lui chargé de tirer les obus, sort de la pièce d'à côté, une salle de bains. Il essaie de se doucher là une ou deux fois par semaine. "Parfois, je ne viens qu'une fois par mois, quand je trouve le temps. C'est super ici. C'est propre, c'est gratuit et les gens sont très sympa", présente le soldat.
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Dans un pull Walt Disney à paillettes, Svitlana, l'une des volontaires, raconte l'importance de cet endroit. "Ces gars qui sont au front sont nos parents, nos fils, nos frères, nos sœurs, notre grande famille ukrainienne. C'est pour ça qu'on fait tout pour qu'ils se sentent ici comme à la maison", explique-t-elle.
Viktor approuve, lui qui vient de déposer ses affaires à la laverie. "Jusque-là, dit-il, j'envoyais mon uniforme sale par colis à ma femme à Kiev". Viktor, un opérateur de drone, passe quatre jours au front puis quatre jours dans les bases arrière. Mais il n'a aucun espoir face aux négociations de paix avec Moscou.
"Que peut-on attendre d'eux ? Je ne leur fais plus confiance. On aurait pu négocier depuis longtemps. C'est une perte de temps."
Viktor, opérateur de droneà franceinfo
Ces soldats-là disent qu'ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes et sur les volontaires ukrainiens qui tâchent de les aider, comme avec cette laverie souterraine. Un grand slogan, d'ailleurs, est peint au mur : "Nous sommes libres grâce à vous. Vous êtes propre grâce à nous".