Clash entre Trump et Zelensky, défense européenne... Le "8h30 franceinfo" de Raphaël Glucksmann
Raphaël Glucksmann, député européen du parti Place publique, était l'invité du "8h30 franceinfo", samedi 1er mars 2025. Il répondait aux questions de François Geffrier et Antoine Comte.
"Les États-Unis de Donald Trump ne sont pas nos alliés"
Au lendemain de la vive altercation dans le Bureau ovale entre les présidents Volodymyr Zelensky et Donald Trump, l'eurodéputé Raphaël Glucksmanna l'assure, "les États-Unis de Donald Trump ne sont pas nos alliés". "Ce à quoi on a assisté hier, c'est à une scène absolument insupportable, dégoûtante. Nous sommes tous saisis d'effroi face au culot, à l'arrogance de ce président américain et de son vice-président", a-t-il ajouté.
Selon Raphaël Glucksmann, Donald Trump et son vice-président JD Vance "ont décidé de se faire Zelensky, de l'humilier publiquement". "Je suis assez admiratif de son calme et de sa droiture", a confié le social-démocrate, qui a estimé que le président ukrainien avait "résisté" et montré "qu'il était une figure de résistance". "Vous imaginez la violence de ces images ? Vous avez face à vous un président qui mène une résistance héroïque depuis plus de trois ans, qui défend tous les principes pour lesquels on est censé nous se battre dans nos démocraties et qui se fait humilier par le président des États-Unis et son vice-président", a-t-il interrogé.
"Si nous ne sommes pas à la hauteur, nous serons dévorés"
La première des choses, c'est qu'il faut "saisir les avoirs publics russes gelés dans nos banques", soit "209 milliards" d'euros, "que l'on doit affecter à l'aide ukrainienne", explique l'eurodéputé Place publique Raphaël Glucksmann. "La deuxième décision, c'est de mettre fin au trou dans nos sanctions, notamment sur les questions énergétiques et sur le gaz naturel liquéfié", ajoute-t-il. "La troisième décision, c'est d'augmenter drastiquement nos livraisons d'armes à la résistance ukrainienne pour suppléer au vide laissé par les États-Unis d'Amérique", le tout qui pourrait être financé "par les avoirs russes".
Selon le député européen, après la réunion prévue à Londres dimanche, il faut convoquer d'urgence "un Conseil européen" pour prendre ces décisions. Raphaël Glucksmann estime qu'il faut aussi lancer "un grand emprunt européen" de 500 milliards d'euros pour financer la construction "d'une défense européenne autonome", pour produire "ce dont on a besoin pour se défendre soi-même".
"Jusqu'ici, on n'a pas les moyens de se défendre tout seuls", s'insurge-t-il. "On a délégué nos fonctions de sécurité et de souveraineté aux États-Unis d'Amérique, une capitale étrangère. On s'est rendus dépendants des électrices et des électeurs du Michigan pour savoir si Varsovie, Berlin, doit être défendue. Ça doit prendre fin".
D'une part, "il faudra lever ces fonds, mais aussi acter une priorité européenne, qui vise à réserver les fonds européens aux industries de défense européennes", martèle l'eurodéputé qui se dit favorable à une présence de soldats européens sur le sol ukrainien, pour "offrir des garanties de sécurité" et "faire en sorte qu'un hypothétique cessez-le-feu soit respecté".
D'autre part, il faut que "le Royaume-Uni et la France, qui sont les seules puissances dotées" de la bombe nucléaire, discutent "de l'extension de la protection et du parapluie au reste de l'Union européenne et du continent européen", assure Raphaël Glucksmann. "Si nous ne sommes pas à la hauteur, nous serons dévorés".