"On a peur, la situation est critique" : au Cachemire, les habitants piégés dans le conflit entre l'Inde et le Pakistan
L’escalade continue entre l’Inde et le Pakistan dans la région du Cachemire. Le Pakistan a accusé samedi 10 mai l'Inde d'avoir tiré des missiles sur des bases aériennes, dont une près d'Islamabad, alors que la pire confrontation entre les deux puissances nucléaires depuis des décennies a déjà tué une cinquantaine de civils des deux camps. Depuis 1947, la région du Cachemire est disputée par l’Inde et le Pakistan, deux puissances nucléaires qui revendiquent leur souveraineté sur l’entièreté de ce territoire. Au milieu, les 10 millions d'habitants du Cachemire sont pris en étau.
Franceinfo a pu joindre certains d'entre eux, mais leurs prénoms ont dû être modifiés pour les protéger. Ahmad habite dans un village contrôlé par le Pakistan le long de la ligne de démarcation avec l’Inde. Depuis plusieurs jours, cet étudiant vit au rythme des bombardements. "Cette nuit, j’ai été réveillé par les tirs de missiles. Avec ma famille, on s’est précipité au rez-de-chaussée. On a peur. La situation est très critique. L’Inde dit qu’elle vise des cibles terroristes, mais ses frappes ont aussi tué des civils ici. Ensuite, le Pakistan a répliqué sur le Cachemire Indien occupé, et là aussi, des civils cachemiris sont morts", témoigne-t-il.
"Que la communauté internationale se réveille"
Depuis la fin de la colonisation britannique en 1947, les affrontements entre l’Inde et le Pakistan ont fait plusieurs dizaines de milliers de morts au Cachemire. Cette région stratégique est aujourd’hui la plus militarisée au monde avec un soldat pour 17 habitants, une présence vécue comme une occupation par de nombreux Cachemiris comme Anwar. "On est pris en étau, piégés dans le conflit entre l’Inde et le Pakistan", dénonce-t-il.
"À chaque fois qu’ils s’affrontent, le Cachemire devient leur champ de bataille et des Cachemiris meurent."
Anwar, un habitant du Cachemireà franceinfo
"Il faut que la communauté internationale se réveille, c’est la vie de civils et d’enfants qui est en jeu. Le destin de notre peuple ne peut pas être décidé à Delhi ou Islamabad. Tous les peuples ont droit à l’autodétermination", s'indigne Anwar. Depuis 1948, une résolution du conseil de sécurité des Nations unies demande un référendum sur la souveraineté du Cachemire, résolution que l’Inde comme le Pakistan n’ont jamais mise en œuvre.