Descentes de l’ICE : un sénateur démocrate expulsé manu militari d’une conférence de presse et un premier revers judiciaire pour Donald Trump
La scène est surréaliste mais bien à l’image de l’autoritarisme de l’administration Trump. Lors d’une conférence de presse à Los Angeles de la ministre de la Sécurité intérieure Kristi Noem, jeudi 12 juin, visant à défendre les arrestations massives d’immigrés, un sénateur démocrate a été expulsé manu militari. « Je suis le sénateur Alex Padilla. J’ai des questions pour la ministre », a-t-il eu le temps de lancer, avant d’être poussé hors de la pièce par deux hommes puis brièvement menotté.
L’élu de Californie « a été écarté par la force par des agents fédéraux, forcé au sol et menotté », ont déclaré ses services dans un communiqué, ajoutant qu’il « n’est pas à cet instant détenu ». Une intervention des plus musclée que la porte-parole du ministère, Tricia McLaughlin, n’a pas hésité à justifier sur X : « Le sénateur Padilla a choisi de faire du théâtre politique irrespectueux et a interrompu une conférence de presse en direct sans se présenter », a-t-elle affirmé, arguant que la police « pensait qu’il était un attaquant et a agi en conséquence » et ajoutant que le sénateur et la ministre avait ensuite échangé pendant un quart d’heure.
« C’est choquant, dictatorial et honteux »
« C’est choquant, dictatorial et honteux », a réagi Gavin Newsom engagé dans un bras de fer avec Donald Trump qui a envoyé la garde nationale et les marines pour mater les révoltes de Los Angeles contre sa politique de chasse aux migrants. C’est « le fantasme fou d’un président dictatorial » avait déjà déclaré à ce propos le gouverneur démocrate de Californie. Il a d’ailleurs marqué jeudi un premier point sur le plan judiciaire.
Le juge fédéral Charles Breyer a affirmé que le président des États-Unis n’avait pas « suivi la procédure requise par le Congrès » pour le déploiement de la garde nationale qu’il considère en conséquence illégal. Il a par ailleurs ordonné que le contrôle de ce corps de réserve à double tutelle soit rendu au gouverneur de Californie. « Ce n’est pas un monarque, ce n’est pas un roi, et il devrait cesser d’agir comme tel », a dans la foulée à nouveau taclé Gavin Newsom, lors d’une conférence de presse.
De son côté, le ministère états-unien de la Justice a immédiatement interjeté appel, affirmant que cette décision constituait « une ingérence extraordinaire dans les pouvoirs constitutionnels du président en tant que commandant en chef ». De quoi permettre à Donald Trump d’obtenir un sursis alors que de nouvelles manifestations sont attendues ce week-end. Le juge Breyer a en effet suspendu l’application de sa décision jusqu’à vendredi, mais la Cour suprême a ensuite repoussé cette échéance à mardi, le temps qu’elle puisse examiner l’appel du ministère de la Justice.
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