« Réveil stratégique » et « renforcer les rangs » de l’armée : les jeunes dans le viseur d’un Macron toujours plus militariste

Le président de la République française, Emmanuel Macron, a présenté ses traditionnels vœux aux armées, lundi 20 janvier. Présent à la cérémonie organisée à Cesson-Sévigné (Ille-et-Vilaine), lieu d’accueil du Commandement de l’appui terrestre numérique et cyber (près de Rennes), le chef d’État en a profité pour appuyer ses obsessions militaristes. En ressort un projet aux contours flous, mais dont l’objectif est clair : poursuivre ce qu’il a commencé à entreprendre avec l’instauration du Service national universel (SNU), à savoir « mobiliser » davantage les « jeunes ».

Emmanuel Macron a notamment agité, lors de sa prise de parole, l’« accélération des périls » depuis la guerre en Ukraine. À l’inverse de l’optimisme affiché par son homologue états-unien Donald Trump, qui promet une fin rapide de cette guerre, Emmanuel Macron parie sur une prolongation du conflit. « Ne nous leurrons pas, a-t-il ainsi asséné. (Le conflit) ne se terminera pas demain ni après-demain. »

« Entrer dans toute future négociation en position de force »

« L’enjeu aujourd’hui, c’est de donner les moyens à l’Ukraine de durer, et d’entrer dans toute future négociation en position de force, a-t-il plaidé. L’enjeu de demain, quand les hostilités s’arrêteront, sera de donner à l’Ukraine des garanties contre tout retour de la guerre sur son territoire, et des assurances pour notre propre sécurité. »

De quoi, selon lui, justifier la militarisation de l’Union européenne, qu’il ne cesse de porter depuis son arrivée à l’Élysée, en 2017. « Il ne peut pas y avoir de paix et de sécurité en Europe sans les Européens et sans qu’elles ne soient négociées par les Européens », a-t-il ainsi affirmé, plaidant pour un « réveil stratégique » à l’échelle continentale. Il a prôné une fois de plus « une préférence européenne » dans l’acquisition d’équipements, mais aussi « plus de programmes communs » au sein de l’Union européenne pour concevoir des armes.

« Notre allié américain affirme que l’on doit dépenser plus » pour la défense au sein de l’Otan, « et il a raison », a-t-il lancé. Une prospective de courte durée, alors qu’Emmanuel Macron a tenu à défendre son bilan et les 413 milliards d’euros attribués à la loi de programmation pour 2024-2030. Le président a pourtant appuyé le besoin d’aller chercher des volontaires « en renfort des armées », afin de faire face à « l’accumulation des menaces ». Pour cela, il a lancé aussi une actualisation de la Revue stratégique sur les priorités de la défense française, plaidant pour un « réveil stratégique européen ».

Le président de la République a ainsi annoncé vouloir « proposer à notre jeunesse un engagement fort » pour lui « donner le choix de servir ». Il a surtout exprimé son souhait de mettre au pas les jeunes, en prolongeant leur temps passé au sein de l’armée. « Aujourd’hui, nous nous contentons d’un recensement, d’une journée défense et citoyenneté. C’est trop peu », a-t-il lancé.

« Il n’apporte aucune plus-value »

Il n’est donc guère étonnant de le voir défendre « l’ambition du SNU ». Le gouvernement de Gabriel Attal avait lancé il y a un an les travaux pour une généralisation à la rentrée 2026 de ce dispositif destiné aux 15-17 ans. Mais depuis, la dissolution, l’absence de majorité à l’Assemblée nationale, et les restrictions budgétaires semblent avoir sonné le glas de cette « ambition » correspondant plus à une obsession militariste.

Pour rappel, mi-janvier, les sénateurs ont préféré, aussi bien à droite qu’à gauche de l’échiquier politique, supprimer le tant décrié SNU. Des économies qui permettront de reverser 80 des 100 millions économisés aux structures sportives. « Après cinq ans d’expérimentation, il n’apporte aucune plus-value », avait alors tancé le sénateur socialiste Éric Jeansannetas, auteur d’un rapport critique sur le SNU, dont la conclusion est que sa généralisation n’est « ni possible, ni souhaitable ».

Emmanuel Macron, s’il n’a pas explicitement reconnu la mise à l’arrêt de son dispositif, a ouvert la voie à un nouveau projet. Sans « rétablir le service national obligatoire », il a demandé au gouvernement et à l’état-major des armées des propositions d’ici mai pour « permettre à une jeunesse volontaire d’apprendre avec les armées et d’en renforcer les rangs ».

« Nous devrons mieux détecter les volontaires, les former et être capable de les mobiliser le jour venu (…) en renfort des armées en métropole ou ailleurs, a-t-il énuméré. Après l’armée de métier, c’est la réserve de professionnels qu’il nous faut à présent mobiliser, en appui, en appoint. »

Le président souhaite ainsi réformer la Journée de défense et de citoyenneté. S’il affirme vouloir amorcer « un moment de temps retrouvé avec les armées », cette annonce ressemble surtout à la mise en place d’une réserve de jeunes adultes où piocher dans le futur : « Certains se signaleront et diront qu’ils répondront présents si la Nation les appelle. » Le gouvernement vise 210 000 militaires actifs et 80 000 réservistes à l’horizon 2030.

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