Israël-Iran : "La mise en spectacle de l'exercice du pouvoir" fait partie de "l'ADN politique de Trump", analyse un spécialiste des États-Unis
"Il ne faut jamais oublier que dans l'ADN politique de Trump, il y a la mise en spectacle de l'exercice du pouvoir", a rappelé Corentin Sellin, spécialiste des États-Unis et professeur agrégé d'histoire, sur franceinfo mercredi 18 juin. Donald Trump a entretenu le doute mercredi sur la possibilité que les Etats-Unis mènent des frappes sur l'Iran, affirmant devant la presse : "je vais peut-être le faire, peut-être pas".
"C'est une constante depuis son premier mandat", souligne l'historien. "C'est un homme qui vient de l''entertainment', de la télévision, et pour qui la présidence ce n'est qu'une activité après d'autres, dans laquelle il se met en spectacle. Il met en spectacle sa personnalité."
"Ça le rend extrêmement populaire"
Corentin Sellin prend l'exemple récent du G7 où Donald Trump "part du G7 pour convoquer une réunion du Conseil de sécurité nationale dans la situation room de la Maison Blanche. Au final (...) ça n'a abouti à rien, mais il se met en scène en permanence". Selon le spécialiste des États-Unis, c'est une dimension qu'il faut toujours prendre en compte, ça fait partie du "charme" du président américain auprès "de son socle électoral".
"Cela donne l'impression à beaucoup d'Américains de vivre la présidence un peu comme un 'reality show', seconde après seconde. Et ça le rend extrêmement populaire."
Corentin Sellinfranceinfo
Aujourd'hui, Donald Trump a changé de position puisque "depuis plusieurs mois", son "obsession (...) était de négocier avec les Iraniens pour que les Iraniens abandonnent par la diplomatie l'enrichissement d'uranium." Sauf qu'après "le succès des frappes israéliennes", qui ont "ébranlé le régime iranien", le président américain "essaie de monter en route dans le train lancé par Benyamin Nétanyahou, parce que justement, il ne faudrait pas donner l'impression qu'Israël pourrait abattre le régime iranien sans les États-Unis."
Un changement de politique depuis 2017, quand Donald Trump expliquait que les États-Unis n'avaient plus vocation à être le gendarme du monde. "C'est une mutation incroyable dont on voit d'ailleurs qu'elle perturbe complètement son camp politique", observe Corentin Sellin. "Donald Trump, c'est l'homme de l'America first, c'est-à-dire l'Amérique d'abord, on se replie sur les États-Unis et sur le continent américain au sens large, parce que ces guerres lointaines en Irak, en Afghanistan, ont épuisé et ruiné le pays. Or, aujourd'hui, il est à deux doigts, surtout si on envisage l'hypothèse d'un effondrement du régime iranien, de soutenir un changement de régime par la force, c'est-à-dire exactement ce que faisaient les néoconservateurs républicains de George Bush Jr, il y a 20 ans en Irak". Alors que l'actuel président américain "a construit tout son projet politique contre l'échec de ces néoconservateurs républicains", rappelle l'historien.