Ambassade fermée à Jérusalem, mouvements militaires, menaces... Les spéculations s'intensifient sur une intervention américaine dans le conflit Israël-Iran
"Notre patience s'amenuise." Donald Trump a appelé le régime iranien à la "capitulation sans condition", mardi 17 juin, dans une série de messages postés sur son réseau Truth Social. La déclaration du président américain intervient alors que les spéculations se multiplient sur une possible intervention des Etats-Unis dans le conflit entre Israël et l'Iran, qui fait rage depuis six jours.
Ces spéculations sont nourries par le changement de ton de Donald Trump face à la République islamique. Il y a quelques jours encore, le président américain espérait obtenir un nouvel accord avec Téhéran, lors de négociations censées reprendre à Oman. Mais l'attaque israélienne a fait capoter ce projet. D'abord réticent face à l'offensive de Tel-Aviv, le milliardaire semble de plus en plus ouvert à l'idée d'apporter un soutien franc au gouvernement de Benyamin Nétanyahou, affirme le New York Times. Lundi déjà, Donald Trump avait accentué la pression sur l'Iran, appelant à l'évacuation immédiate des 10 millions d'habitants de Téhéran, rappelle Newsweek.
Des forces américaines redéployées au Proche-Orient
Peu après, le chef d'Etat a quitté prématurément le sommet du G7 au Canada, regagnant la Maison Blanche pour une réunion avec ses conseillers à la sécurité dans la Situation Room, la salle ultra-sécurisée d'où sont gérées les crises internationales ou les opérations militaires importantes. Alors qu'Emmanuel Macron affirmait que Donald Trump allait s'atteler à la négociation d'un cessez-le-feu entre Israël et l'Iran, l'Américain a assuré qu'il travaillait à "quelque chose de bien plus grand", sans donner plus de détails.
Plusieurs médias relèvent toutefois que Washington a commencé, en parallèle de ces déclarations, à renforcer sa présence au Proche-Orient. Une trentaine d'avions-citernes ont été redéployés dans la région, dans l'éventualité où Donald Trump déciderait d'autoriser le ravitaillement en plein air de la flotte israélienne, rapporte CNN, citant de hauts responsables sous couvert d'anonymat. Ces appareils pourraient également être utilisés en cas de frappes américaines, pointe la chaîne.
Lundi, le ministre de la Défense, Pete Hegseth, a aussi ordonné au porte-avion USS Nimitz, qui patrouillait en mer de Chine, de se diriger vers le Proche-Orient. Le secrétariat d'Etat a par ailleurs annoncé, mardi, la création d'une "task force" pour aider les ressortissants américains se trouvant dans la région.
Dernier signe relevé par les observateurs : l'administration Trump a ordonné, mardi, la fermeture de l'ambassade américaine à Jérusalem. "En raison de la situation sécuritaire actuelle et du conflit en cours entre Israël et l'Iran, l'ambassade des Etats-Unis a demandé à tous les employés du gouvernement américain et aux membres de leur famille de continuer à s'abriter sur place à l'intérieur et à proximité de leur résidence jusqu'à nouvel ordre", précise le site de l'ambassade. Elle restera fermée au public jusqu'à vendredi au moins.
Donald Trump fait planer la menace sur Ali Khamenei
Si des responsables américains assurent à CNN que la solution diplomatique n'a pas encore été écartée par Donald Trump, plusieurs sources anonymes ont déclaré à la chaîne CNBC, mardi, que le président réfléchissait désormais à mener une frappe aérienne en Iran. Le même jour, le dirigeant populiste a multiplié les menaces envers Téhéran sur son réseau Truth Social. Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, "est une cible facile, mais il est en sécurité – nous n'allons pas le tuer, en tout cas pour l'instant", a écrit Donald Trump.
La perspective d'une implication directe des Etats-Unis dans le conflit inquiète, jusque dans le camp du président. Une large partie de la base Maga ("Make America great again") souhaite ainsi voir Donald Trump honorer sa promesse "d'achever des guerres" et de "ne jamais s'engager" dans d'autres, relate Le Monde.
A l'étranger aussi, certains redoutent une intervention américaine aux côtés de l'Etat hébreu. "Si les Etats-Unis s'impliquent, cela entraînera certainement la région dans un conflit plus large. Et cela n'est dans l'intérêt de personne", a jugé mardi la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne, Kaja Kallas, citée par Euronews. "Nous faisons constamment pression pour mettre fin à cette guerre, car les risques d'escalade et de débordement sont trop importants", a-t-elle insisté.
Un point de vue qui n'est pas partagé par Tel-Aviv. Si l'intervention des Etats-Unis "n'est pas une demande" de l'Etat hébreu, "je pense que cela raccourcirait le conflit", a avancé Joshua Zarka, ambassadeur d'Israël en France, invité de TF1 mercredi matin. "On arriverait à une défaite iranienne plus rapidement et les buts militaires que nous [Israéliens] avons définis seraient atteints plus rapidement", a-t-il estimé. Dans une déclaration lue à la télévision mercredi, le guide suprême iranien Ali Khamenei a, lui, déjà mis en garde : "Les Américains doivent savoir que toute intervention militaire américaine entraînera à coup sûr des dommages irréparables en retour".