Assassinat d’Aboubakar Cissé : comment l’extrême droite tente de détourner le sujet

Des dizaines de coups de couteau, dans un lieu de culte, une victime à l’agonie filmée par son agresseur avec ces mots : « Je l’ai fait… Ton Allah de merde »… Mais il a fallu à l’extrême droite trois jours pour réagir. Vendredi 25 avril était assassiné Aboubakar Cissé, jeune malien de 22 ans, alors qu’il priait dans la mosquée de la commune de La Grand-Combe, près d’Alès (Gard).

L’assassin présumé, un certain Olivier H., s’est rendu dimanche soir à la police italienne. Face à cette violence inouïe, l’extrême droite, d’ordinaire extrêmement rapide pour réagir aux faits divers, est restée plusieurs jours dans le silence avant de s’emparer de l’affaire. Un retard qui cache mal son malaise.

Marine Le Pen elle-même a mis trois jours pour condamner l’assassinat sur son compte Twitter. Trois jours en politique, c’est long, et ça veut toujours dire quelque chose. « J’adresse mes pensées à la famille et aux proches d’Aboubakar Cissé, victime d’un meurtre ignoble alors qu’il priait à la mosquée dans le Gard. Notre pays est défiguré par la haine et la violence. Que nos forces de l’ordre retrouvent le coupable et que justice soit faite », a-t-elle déclaré sur son compte X.

Esquiver le sujet de fond

Au-delà de sa difficulté à réagir, le RN cherche aussi à esquiver le sujet de fond : un assassinat visiblement raciste, motivé par une haine anti-musulmans qui sert de fonds de commerce à l’extrême droite. « Une partie de la gauche saute sur cette affaire, en se disant « Ah voilà on a notre affaire ! On va pouvoir descendre dans la rue ! », s’est d’ailleurs plaint Robert Ménard, maire de Béziers, auprès de Sud Radio.

« Ce qui est terrible dans cette affaire, c’est le narratif mis en place à toute allure par une partie de la gauche, (…), une sorte de joie mauvaise, la flopée de communiqué laissant entendre « on vous l’avait dit, l’islamophobie tue ». Je ne crois pas que c’est la critique de l’Islam qui nourrisse la haine qu’on a vu à l’œuvre dans cette mosquée, ce qui la nourrit c’est le déni, et le mensonge de toute cette gauche », a abondé Élisabeth Lévy sur le plateau de CNews lundi matin.

Ce que tente de tirer l’extrême droite de cet assassinat, c’est aussi qu’il serait la conséquence d’un mélange de culture trop important : « la société multiculturelle, multi-ethnique, c’est la société multiviolente, c’est la guerre de tous contre tous », lâche ainsi Vincent Hervouët, éditorialiste de la chaîne.

Autre stratégie enfin : occulter et nier la haine anti-musulmans, comme Julien Odoul sur son compte X : « MENSONGE ! En 2024, 1 570 actes antisémites, 173 actes anti-musulmans. Le seul déferlement de haine est celui qui frappe nos compatriotes de confession juive, alimenté et encouragé par vos troupes collabo du #Hamas et relais des #islamistes ». Même son de cloche du côté du directeur de rédaction de Valeurs Actuelles, Tugdual Denis, sur BFMTV : « La première religion en France qui subit des attaques, c’est la religion chrétienne. Les musulmans, et c’est heureux, sont plutôt laissés tranquilles ». Plus c’est gris, plus ça passe : le premier meurtre dans une mosquée en France sert ici à invisibiliser le racisme ordinaire dont sont victimes les musulmans…

Face à l’extrême droite, ne rien lâcher !

C’est pied à pied, argument contre argument qu’il faut combattre l’extrême droite. Et c’est ce que nous faisons chaque jour dans l’Humanité.

Face aux attaques incessantes des racistes et des porteurs de haine : soutenez-nous ! Ensemble, faisons entendre une autre voix dans ce débat public toujours plus nauséabond.
Je veux en savoir plus.