Arrestation en Italie, envie de « devenir un tueur en série », motifs islamophobes… Ce que l’on sait du profil du tueur d’Aboubakar Cissé
Le meurtrier d’Aboubakar Cissé, Olivier H., « s’est rendu de lui-même » dans un commissariat de Pistoia, en Italie, dimanche 27 avril, vers 23 heures. L’annonce a été réalisée tôt lundi 28 avril par le procureur de la République d’Alès, Abdelkrim Grini. Trois jours après son acte islamophobe, qui a initié de nombreux hommages et mobilisations à travers la France pour dénoncer la violence – intrinsèque comme symbolique ou politique – de l’attaque, l’auteur des faits arrête donc sa course à proximité de la frontière franco-italienne.
« C’est une très grande satisfaction pour le procureur que je suis, a annoncé Abdelkrim Grini, joint par téléphone par l’Agence France-Presse (AFP). Face à l’efficacité des moyens mis en place, l’auteur n’a eu pour seule issue que de se rendre et c’est la meilleure chose qu’il pouvait faire. »
Il ne fait « aucun doute » que ce meurtre est « un attentat » et « une attaque de nature terroriste », estime Mourad Battikh, l’un des avocats de la famille de la victime. Ce dernier appelle ainsi le Parquet national antiterroriste à « se saisir de cette affaire sans délai », dans un communiqué publié sur Instagram. « La communauté musulmane doit bénéficier du même traitement que tout autre citoyen », alarme-t-il. D’autant que le journal le Monde a, de son côté, appris par une source proche de l’enquête que le tueur se serait exclamé : « Je vais devenir un tueur en série ! On va dire que je suis un tueur en série ! » La possibilité qu’Olivier H. souhaitait multiplier les meurtres apparaît donc plausible aux yeux des enquêteurs.
« Son intention de recommencer »
Pour rappel, Olivier H., âgé de 20 ans, né à Lyon, sans antécédent judiciaire ni emploi, s’est rendu dans la mosquée de la commune gardoise de La Grand-Combe (5 000 habitants), Khadija, vendredi vers 8 h 30. Aboubakar Cissé, 23 ans, est alors seul sur place. Les deux hommes discutent, se mettent en route vers la salle de prière. Alors que le second s’agenouille pour prier, le second – qui a fait mine de l’imiter – le poignarde d’une quarantaine de coups de couteau. Le tout devant les caméras de la mosquée. Olivier H. filme ensuite Aboubakar Cissé, agonisant, et lance : « Je l’ai fait, je l’ai fait. Ton Allah de merde, ton Allah de merde. »
Ouverte pour homicide vendredi, l’enquête est menée depuis samedi pour assassinat, soit meurtre avec préméditation, a précisé Abdelkrim Grini. Dans « les propos décousus » que le jeune homme tient dans la vidéo qu’il a lui-même filmée vendredi juste après son agression, face à sa victime agonisante, il semble, en effet, « manifester son intention de recommencer », avait précisé samedi soir le magistrat. Dans la même vidéo, le meurtrier était entendu se féliciter de son acte et insulter la religion de sa victime.
« La piste d’un acte antimusulman est privilégiée, mais n’est pas la seule, annonce le procureur de la République d’Alès. Certains éléments pourraient nous laisser penser que ce mobile n’était peut-être pas le mobile premier (…) ou le seul mobile. » Les derniers éléments publics de l’enquête, qui examine donc toutes les pistes, ont été révélés devant la sous-préfecture, après une intervention du ministre de l’intérieur dans le Gard.
Bruno Retailleau – dont la venue dans la sous-préfecture d’Alès a été annoncée après un long moment de silence, lui qui est habitué à capitaliser sur les faits divers quand ils ne concernent pas des victimes de confessions musulmanes – a profité de son déplacement dans le Gard pour déclarer que « plus de 70 enquêteurs », dépêchés de Montpellier, de Nîmes, de Paris et d’autres territoires français, avaient été mobilisés.
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