À Roland-Garros, les arbitres de lignes font de la résistance

Vêtus de leurs pantalons bleus et de leurs polos blancs, postés au fond du court et sur les côtés, assis ou bien debout penchés en avant les mains sur les cuisses, ils font partie du décor. On ne les voit plus malgré leurs cris, qui font parfois sursauter les spectateurs assoupis et amusent le public selon leurs voix et la vigueur avec laquelle ils prononcent le mot « faute ». Les arbitres de lignes de Roland-Garros sont désormais une exception dans le monde du tennis. Le tournoi de la Porte d’Auteuil est en effet la dernière épreuve du Grand Chelem et du circuit principal masculin à ne toujours pas avoir recours à l’arbitrage électronique en direct.

Alors que le doute planait sur leur présence pour l’édition 2025 (25 mai-9 juin), Gilles Moretton, le président de la Fédération française de tennis (FFT), a annoncé jeudi 17 avril, que les 330 bénévoles de la FFT ne seront pas remplacés par l’Electronic Line Calling Live (ELCL). « La volonté fédérale est de conserver les arbitres le temps que l’on pourra », a déclaré le patron de l’instance qui organise la compétition, lors de la conférence de presse de présentation du tournoi.

L’œil humain concurrencé par l’Hawk-Eye

Parmi les quatre épreuves du Grand Chelem, l’Open d’Australie et l’US Open ont adopté l’arbitrage électronique depuis 2021 et Wimbledon le fera à partir de cette année. Les juges de ligne ont par ailleurs disparu de l’ensemble du circuit principal depuis le 1er janvier, sur décision de l’ATP, l’association des professionnels du tennis qui gère les intérêts des joueurs et le circuit.

L’ELCL fonctionne avec la technologie Hawk-Eye (œil de faucon) et offre une fiabilité à 99 %. Concrètement, le système est composé de 18 caméras qui scrutent les lignes, dont 6 dédiées à celles de fond de court afin de déterminer s’il y a eu faute de pied au service. En cas de litige, l’ELCL, qui utilise l’intelligence artificielle, retrace avec précision la trajectoire de la balle sur une vidéo en 3D retransmise sur les écrans. Contrairement à l’œil humain, qui a du mal à juger le point d’impact de la balle sur le court au-delà de 200 km/h, la vitesse n’est pas un problème pour ce système.

« Ce sont les joueurs qui décident, a expliqué Gilles Moretton. Si demain, les joueurs à l’unanimité viennent nous dire : « on ne joue pas s’il n’y a pas la machine… », les organisateurs du tournoi pourraient l’adopter. Il faut dire que, contrairement aux autres surfaces, la terre battue offre la particularité de pouvoir mieux lire le point d’impact de la balle en laissant une marque sur le terrain de couleur ocre.

L’excellence de la formation arbitrale

« On est le pays qui fournit les meilleurs arbitres sur le circuit sur l’ensemble des tournois dans le monde. On est une référence et on souhaite les garder », a souligné Gilles Moretton. La FFT peut en effet s’enorgueillir d’un système pyramidal de l’arbitrage en place depuis des décennies au niveau national qui forment les arbitres d’aujourd’hui et de demain.

Âgés de 18 à 65 ans, ils sont un peu l’âme de Roland-Garros. Leur fonction est de seconder l’arbitre de chaise, qui est le directeur de jeu principal, vocalement et par des gestes conventionnels. Ils annoncent à voix haute « faute », c’est-à-dire lorsque la balle est en dehors du court et qu’elle ne touche pas la ou les lignes dont ils sont responsables, sans attendre que l’arbitre les questionne. Ils annoncent aussi les fautes de pied quand un pied du serveur mord la ligne de fond de court avant qu’il ait frappé la balle.

Cette année, leurs signalements retentiront pour la première fois en direct sur le pavé parisien puisque les organisateurs ont annoncé la création d’une fan zone sur la place de la Concorde « avec le soutien de la ville de Paris ». Ouverte gratuitement du 4 au 9 juin, en seconde semaine, cet espace, baptisée « Tribune Concorde » pourra accueillir jusqu’à 5 000 personnes. Animé par un DJ et un maître de cérémonie, cet espace de plus de 5 000 m2 avec deux écrans géants comportera trois food-trucks pour se restaurer, ainsi qu’un bar et une boutique. Les vainqueurs viendront y présenter leurs trophées.

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