Affaire du baiser forcé : Luis Rubiales entendu par la justice espagnole ce mardi

L'ex-patron du football espagnol Luis Rubiales s'exprime pour la première fois mardi à son procès pour le baiser imposé à Jenni Hermoso, des déclarations très attendues de la part de celui qui avait réduit ce geste à «un bisou de célébration entre deux amis». «Je ne fais un baiser sur les lèvres que lorsque je décide de le faire» : dès l'ouverture, le 3 février, du procès de Luis Rubiales, accusé d'agression sexuelle et d'avoir exercé des pressions sur la joueuse pour étouffer le scandale, Jenni Hermoso a balayé toute idée de consentement de sa part, comme elle l'avait déjà fait auparavant. Assurant s'être sentie «peu respectée» en tant que femme, l'attaquante a aussi décrit les pressions «innombrables» subies après ce baiser imposé sur le podium lors de la remise des médailles après la victoire de l'Espagne en finale du Mondial en août 2023. Depuis le début du procès, Luis Rubiales a assisté dans la salle du tribunal de San Fernando de Henares, près de Madrid, à un défilé de témoins, coéquipières de Jenni Hermoso en tête, venus décrire l'état de choc de la joueuse après ce baiser forcé et face aux tentatives pour lui arracher des déclarations ou une vidéo commune avec lui. Le parquet, qui présente en Espagne ses conclusions avant le procès, réclame une peine de deux ans et demi de prison à son encontre, un an pour agression sexuelle et un an et demi pour les pressions exercées sur la joueuse. Des peines de 18 mois de prison ont été requises contre ses trois co-accusés, l'ex-sélectionneur des Espagnoles Jorge Vilda et deux cadres de la fédération, poursuivis uniquement pour coercition. Ils seront aussi entendus mardi.

Rubiales également mis en cause dans une autre affaire

«Rubi», comme le surnomment ses proches, un ancien joueur professionnel âgé de 47 ans, était arrivé en mai 2018 à la présidence de la Fédération espagnole de football (RFEF), qu'il dirigeait d'une main de fer. Loin de prendre la mesure du geste qu'il venait de commettre devant les caméras du monde entier, M. Rubiales s'était d'abord défendu bec et ongles pendant plusieurs jours, assurant que le baiser était consenti, en minimisant la gravité et allant jusqu'à se présenter en victime d'un «faux féminisme» lors d'une assemblée générale de la RFEF au cours de laquelle il avait refusé de démissionner. Connu pour son franc-parler et ses coups de gueule, il était aussi réputé pour «(ses) gestes misogynes et (son) langage grossier», l'avait taclé le patron de la Liga (Ligue des clubs professionnels espagnols), Javier Tebas, son ennemi juré, avec qui il était en conflit depuis des années. Quelques instants à peine avant le baiser imposé à Jenni Hermoso, Luis Rubiales s'était déjà fait remarquer en empoignant ses parties génitales pour célébrer la victoire des joueuses espagnoles en pleine tribune officielle... à quelques mètres de la reine Letizia d'Espagne. Finalement suspendu par la Fédération internationale (Fifa) et abandonné de tous, il avait démissionné le 10 septembre, déplorant encore auprès du journaliste britannique Piers Morgan les conséquences d'une campagne «disproportionnée» lancée contre lui. Très discret depuis sa démission, Luis Rubiales vit aujourd'hui à Grenade, en Andalousie (sud), où il est «un voisin comme les autres», selon les médias espagnols. Il est également mis en cause dans un autre dossier, une enquête pour corruption dans une affaire de contrats irréguliers lorsqu'il était à la tête de la RFEF entre 2018 et 2023.