Fondation groupe EDF: le courant passe avec la danse
Vibration maximum à la Fondation groupe EDF. Le lieu conjugue l’énergie et le mouvement sur le thème « Dans(e) la lumière ». Aux cimaises, des œuvres chargées de volts : lithographies tirées par Raoul Dufy après avoir peint La Fée électricité pour le pavillon Lumière en 1937, films de Loïe Fuller, danseuse électrique, rayogrammes de Man Ray — procédé qui combine photomontages, traînées ondulées de cordon d’alimentation et serpentins de chauffage —, croissants de néons de François Morellet inspiré par la course de la lune, lithographies d’Adalberto Mecarelli explorant la lumière « comme matière invisible qui rend visible le monde ».
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La scénographie ponctue le parcours de cabines. On peut s’isoler pour regarder Saburo Teshigawara danser et parler de la lumière. Ou voir émerger de l’obscurité Continue-lumière, de Julio Le Parc, zébrant un écran velouté en se déplaçant doucement… On peut se laisser guider par les médiateurs formés par le CDCN de Toulouse à parler de danse et de lumière.
Voir naître des interprètes
En parallèle, la fondation a dégagé deux aires de spectacles. Et commandé une programmation à Agnès Chemama, qui a passé trente-cinq ans à Chaillot, Théâtre national de la danse. Le courant passe ! « J’ai voulu faire dialoguer danse et lumière, poser des mots qui les relient : intensité, énergie, mouvement, émancipation, poésie », dit-elle. Et de concevoir une programmation qui puisse brancher tous les publics, aux diverses facettes de la danse.
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Elle a donc convié les maîtres : Carolyn Carlson vient deux fois, pour improviser un « poetry event » sur la lumière et pour danser son Mandala, tissé dans le clair-obscur. Mourad Merzouki doit venir avec des extraits de Pixel. Angelin Preljocaj et Groupe urbain d’intervention dansé interpréteront des extraits de son répertoire… Marion Motin se produit en solo pour In the Mood for Night, Maud Le Pladec reprend Silent Legacy, qui vibre de l’énergie du krump. Des compagnies émergentes sont aussi conviées : Mazelfreten, Alexandre Fandard et Leïla Ka.
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La Fondation a également permis deux créations dédiées. Jann Gallois se donne en solo dans Impulsion. Un travail sur le vide intérieur et l’énergie qui s’y tapit. Raphaëlle Delaunay a créé Flux, pièce pour quatre danseuses du groupe Élan pour l’égalité des chances, soutenu par la Fondation Hermès, que lui a confié le Centre national de la danse. Raphaëlle Delaunay les met en scène là où elles sont à l’aise et c’est émouvant de voir naître ces interprètes qui promettent d’aller loin. Combien de tentations dans cette programmation ! À la lire, on aimerait qu’elle se répète sur plusieurs saisons. Mais inutile d’attendre pour se brancher !
« Dans(e) la lumière », à la fondation EDF (Paris 7e), jusqu’au 31 janvier 2025.