Guerre en Ukraine : l'armement américain, convoité sur plusieurs fronts, risque de manquer à l'Ukraine
L'administration Trump a acté mardi 1er juillet le gel d'une part de son aide militaire à l'Ukraine, arguant que ses propres stocks d'armement s'épuisaient. Parmi les armes qui ne seront pas livrées à Kiev, les armes antiaériennes risquent de faire particulièrement défaut à l'armée ukrainienne.
Les combattants ukrainiens attendaient notamment les missiles pour batteries Patriot. L'Ukraine dispose d'une demi-douzaine de ces batteries et s'en est servi pour abattre les missiles les plus puissants de l'arsenal russe, comme des missiles balistiques ou des missiles de croisière hypersoniques comme le Khinzal. Aucun autre système d'arme ne semble en mesure d'égaler le Patriot en la matière.
Les stocks de ces missiles devraient permettre à l'armée de l'air ukrainienne d'en disposer encore quelques mois, mais puisqu'ils coûtent chacun un million de dollars, l'Ukraine les réserve pour contrer les attaques russes les plus puissantes ou les plus véloces.
La Russie a en effet mis en place une tactique de saturation des défenses antiaériennes, lançant à chaque fois plusieurs centaines d'engins en même temps. Elle vise désormais les centres-villes avec l'objectif probable de "casser" le moral, non plus des troupes, mais de la population ukrainienne elle-même. La dernière attaque en date, dimanche, a vu 477 drones d'attaque et 60 missiles tirés sur l'Ukraine. 44% des drones ont été interceptés, beaucoup d'autres brouillés et 63% des missiles ont eux aussi été interceptés, selon l'armée de l'air ukrainienne.
L'armement américain très utilisé, sur différents fronts
L'annonce américaine n'est pas nécessairement le signal d'un désengagement des Etats-Unis. Depuis début mai, l'administration Trump a tout de même fait parvenir aux Ukrainiens nombre de pièces détachées pour les avions F16 ukrainiens, pour les maintenir en condition opérationnelle. C'est une aide matérielle réelle et forte.
Mais l'argument d'un stock américain d'armement qui s'épuise n'est pas irréaliste. Mercredi 25 juin, en marge d'un sommet de l'Otan, Donald Trump a promis de "voir comment on peut rendre disponibles" quelques Patriot, ajoutant cependant qu'ils étaient "difficiles" à trouver. Et pour cause, elles ont été employées à foison dernièrement, pour aider Israël par exemple contre les tirs iraniens mais aussi ceux des Houthis.
L'annonce de l'administration Trump risque d'avoir surtout des conséquences sur le plan diplomatique. Elle sera sûrement interprétée par le Kremlin comme une invitation à poursuivre ses attaques sur l'Ukraine pour épuiser ses défenses, et non à entrer dans des négociations ne serait-ce que pour un cessez-le-feu. Ce qui constituait bien l'essence de la stratégie américaine de l'administration Trump pour mettre fin à la guerre en Ukraine.