"C'est une très mauvaise nouvelle" : le secteur des vins et spiritueux, touché par les droits de douane américains de 15%, accuse le coup

Ils espéraient échapper à la nouvelle taxe douanière. Les filières des vins et spiritueux vont finalement, eux aussi, subir la hausse des droits de douane à 15% à leur arrivée aux États-Unis. Un coup dur pour toute la filière, qui a exporté pour quatre milliards d'euros de vin et alcool outre-Atlantique en 2024. Avec l'entrée en vigueur de ces droits de douane, la fédération des exportateurs de vins et spiritueux s'attend à perdre environ un quart de ses exportations, soit un milliard d'euros de pertes.

Certains produits sont plus impactés que d'autres. Les producteurs de champagne vendent chaque année 30 millions de bouteilles aux Etats-Unis, soit 10% du volume total. Mais dans les vins et les spiritueux, secteur qui emploie 600 000 personnes, tout le monde se dit en danger. "C'est une très mauvaise nouvelle, une immense déception", a déploré Florent Morillon, président du Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC), sur franceinfo vendredi 23 août.

"Une bouteille à 40 dollars va passer à plus de 50 dollars"

C'est "bien sûr une préoccupation pour notre appellation cognac et une préoccupation générale pour tous les vignobles français touchés", a ajouté Florent Morillon. Les États-Unis représentent le premier marché en volume de la filière cognac française. En 2024, l'Union européenne a exporté pour 8 milliards d'euros d'alcools, dont plus de cinq milliards de vins aux États-Unis, son premier marché à l'exportation. "À l'heure où je vous parle, c'est 70% de notre business qui est taxé", a résumé le président du BNIC. 

Principale conséquence pour le marché américain, les prix des bouteilles vont augmenter de 30% en moyenne. "Une bouteille à 40 dollars, elle va passer à plus de 50 dollars, et ça, ça va être insupportable pour le consommateur", avance celui qui est aussi directeur des Relations viticoles et des Affaires institutionnelles chez le négociant Hennessy (propriété de LVMH). "Plus de 70 000 emplois directs et indirects dans la région sont concernés", sans compter "les 4 000 exploitations viticoles sur la région de cognac", craint Florent Morillon. 

"Une inefficacité de l'UE" 

Le secteur des vins n'a pas réussi non plus à obtenir d'exemption. "C'est quand même assez affligeant et ça met presque en exergue une inutilité ou en tout cas une inefficacité (de l'UE). Plus qu'une déception, c'est une mise en exergue d'une inefficacité", a réagi David Jaegle, directeur de la cave de Ribeauvillé (Haut-Rhin), au micro d'ICI Alsace (ex-France Bleu) vendredi.

"Notre business aux États-Unis étant particulièrement important, on a eu quelques mois pour discuter dans tous les sens avec tous les acteurs sur place. Le coup dur là maintenant, c'est plus une déception liée au manque d'efficacité de l'Union européenne plus que réellement" celui lié aux "impacts" d'une telle taxe. "On s'y était tellement préparés", nuance-t-il. "La situation ne peut en rester là", a pour sa part réagi la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, dénonçant un accord "déséquilibré".