Voyage, envoi de fonds, exportation… Donald Trump veut encore « intensifier les sanctions » contre Cuba

À peine réinstallé au Bureau ovale, le 20 janvier dernier, Donald Trump n’avait mis que quelques heures pour replacer Cuba dans son viseur. Dès le premier jour de son mandat, le républicain avait ordonné le retour de Cuba sur la liste noire des États soutenant le terrorisme, dont elle avait été retirée par son prédécesseur Joe Biden seulement six jours auparavant.

Et avec la nomination du sénateur anticastriste Marco Rubio (républicain, Floride) à la tête du Département d’État, l’on pouvait logiquement s’attendre à ce que l’administration trumpiste renoue avec sa cruelle politique d’asphyxie de l’île caribéenne, en faisant fi des conséquences dévastatrices pour sa population.

Déjà lors de son premier mandat (2017-2021), le président Trump avait dynamité le rapprochement diplomatique initié par son prédécesseur Barack Obama (2009-2017) et férocement intensifié le blocus économique et financier imposé à Cuba depuis 1962. Son administration avait en effet mis en place pas moins de 243 nouvelles mesures coercitives, lesquelles avaient été maintenues dans leur quasi-totalité par l’administration Biden (2021-2025).

Une « campagne de pression maximale »

À un peu plus de cent jours de sa ré-investiture, le think-tank progressiste étasunien le Centre de recherche économique et politique (Cepr) revient sur les plans de l’administration Trump visant à durcir davantage le régime de sanctions ciblant Cuba, sur la base de la conviction, chez certains partisans de la ligne dure, que le gouvernement cubain « est à son point le plus faible depuis des décennies et qu’il est donc mûr pour un changement de régime ».

Dans la dernière mouture de son Observatoire des sanctions, le CEPR site un article du quotidien de Floride The Miami Herald lequel fait état du projet l’administration Trump « d’intensifier les sanctions contre l’armée (cubaine) dans le cadre d’une campagne de pression maximale qui pourrait également restreindre davantage les voyages, les envois de fonds et les exportations ».

Selon le CEPR, les options actuellement envisagées par l’administration Trump comprendraient notamment « la révocation des licences d’exportation détenues par les entreprises américaines qui fournissent le secteur privé de l’île, et la fermeture des supermarchés en ligne basés aux États-Unis qui permettent aux Américains cubains de payer pour de la nourriture, et même des médicaments, qui sont ensuite livrés directement (à leurs proches) sur l’île. » À Cuba, ces plateformes en ligne sont parfois l’unique moyen pour se fournir des médicaments qui ne sont pas disponibles dans les pharmacies d’État, empêchées par le blocus d’importer nombre de produits de santé.

Mais certains, tels le représentant au Congrès Carlos Giménez (républicain, Floride), voudrait que son gouvernement aille encore plus loin en demandant l’arrêt de tous les voyages et envois de fonds vers l’île (ce qui interdirait aux Américains d’origine cubaine de rendre visite à leurs proches ou de leur envoyer de l’argent pour les aider), mais aussi « l’imposition de sanctions financières et de droits de douane aux pays qui accueillent des missions médicales cubaines », note le rapport du CEPR.

Les sanctions : impact négatif avéré sur les droits de l’homme

Par ailleurs, le CEPR cite une note de l’ONG Center for Engagement and Advocacy in the Americas soulignant que le décès du pape François représente « la perte d’un grand champion de la diplomatie et de l’aide économique pour le peuple cubain », rappelant que le défunt souverain pontife avait joué le rôle de facilitateur contribuant à « ouvrir la voie au dégel des relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba sous l’ère Obama ».

Enfin, le CEPR rapporte la volonté du Département d’État de pousser la candidature de Rosa María Payá au poste de membre de la Commission interaméricaine des droits de l’homme, dans le cadre des élections qui se tiendront lors de la prochaine assemblée générale de l’Organisation des États américains, fin juin.

Son élection serait une mauvaise nouvelle pour La Havane étant donné que celle qui est aussi la fille de feu le dissident Oswaldo Paya « est une partisane de longue date du changement de régime à Cuba, notamment par le biais de vastes sanctions économiques, en dépit de leur impact négatif avéré sur les droits de l’homme ».

Une guerre économique et financière qualifiée de « crime de génocide »

En plus de soixante ans, les autorités cubaines calculent que le préjudice causé par le blocus américain dépasserait les 150 milliards d’euros, dont près de 5 milliards en 2023, avec des conséquences dévastatrices pour la population.

Bien que la dénonciation du blocus américain à l’Assemblée générale de l’ONU soit quasi unanime chaque année, la demande de levée de l’embargo reste sans suite. L’année dernière, fin octobre, la quasi-unanimité des pays membres de l’Onu s’est rangée pour la 32e année consécutive derrière l’île pour exiger la levée des sanctions imposées par Washington.

Seul Israël avait rejoint l’opposition des diplomates étasuniens à mettre fin à ce que le ministre cubain des Affaires étrangères, Bruno Rodriguez, qualifiait alors de « violation flagrante, massive et systématique des droits de l’homme » du peuple cubain ainsi que de « guerre économique, financière et commerciale (pouvant) être qualifié de crime de génocide ».

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