La vie des spectres, de Patrice Jean : un air de déjà-vu
LA CHRONIQUE D’ÉTIENNE DE MONTETY - Une Éducation nationale devenue un abyssal Absurdistan, un néoféminisme agressif, «La vie des spectres» ne manque pas de thèmes à brocarder. L'auteur s'en empare avec aisance. Trop ?
Patrice Jean est un des excellents romanciers d'aujourd'hui ; son regard sur l'époque, et les excès de la modernité qu'il pointe, réjouit de nombreux lecteurs. Beaucoup l'ont découvert avec L'Homme surnuméraire puis La Poursuite de l'idéal. On tenait là un auteur habile à saisir avec drôlerie la grande misère de l'homme contemporain et à l'exprimer dans des romans profonds et drôles : Jean qui rit. La Vie des spectres met en scène les infortunes de Jean Dulac, journaliste nantais précaire et lui aussi homme surnuméraire. Sa femme, Doriane, acoquinée avec un duo de viragos redoutables, le malmène quotidiennement. Les Femmes savantes sont de retour. Il faut dire que Dulac a un vilain défaut : face aux veaux d'or du moment, qu'adulent sa rédaction et son entourage, il se cabre facilement. Son âge, son tempérament l'empêchent de faire des génuflexions.
Un jour son fils Simon est compromis dans une lugubre histoire de revenge porn, diffusion d'images pornographiques…