REPORTAGE. "Tu oublies que c'est la guerre" : en Ukraine, certains arrivent à profiter de l'arrivée du printemps, malgré les alertes aériennes
La Russie a revendiqué samedi 8 mars la reprise de trois villages dans la région de Koursk, face aux troupes ukrainiennes. C'est un nouveau revers pour l’Ukraine, à l'heure où la perspective de pourparlers semble se renforcer. Dans la région de Donetsk, à l’est, 11 personnes ont été tuées dans le village de Dobropillia après le passage de missiles à sous-munitions russes. La Russie continue ses frappes d’envergure à travers tout le pays.
Dans le sud du pays, à Mykolaïv, les familles essaient de profiter de l’arrivée des beaux jours, et ce, malgré les alertes aériennes.
Alors que la température atteint les 20 degrés, sur les bords du Boug oriental, le fleuve qui traverse la ville, les familles piquent-niquent sous un grand ciel bleu, dans une bonne odeur de grillades. Verre à la main, Ruslan, 40 ans, est venu avec sa femme et sa fille de deux ans : "Il y a des jeunes, des enfants, c’est très festif. Tu oublies que c’est la guerre ! C'est une super ambiance, il faut profiter du moment présent car on ne sait pas de quoi demain sera fait".
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Alexandra, sa femme, dit en avoir assez de rester cloîtrée chez elle depuis trois ans alors tant pis, si au loin, une alerte aérienne retentit. "Vous savez, une voyante m’a dit que je vivrais 80 ans. J’en ai 36, il me reste donc 50 ans à vivre, pas la peine de courir dans un abri", explique-t-elle.
"Si ça nous tombe dessus, ça nous tombe dessus. Chez moi, ou ailleurs, on n’est nulle part en sécurité".
Alexandraà franceinfo
En gilet rose, Vlada, 22 ans, originaire de Kharkiv, dans le nord du pays, est venue avec son mari militaire, capturé par les Russes au début de la guerre, sur l’Île aux Serpents. "Il y a une telle ambiance, estime la jeune femme, même s’il y a des frappes, même si c’est la guerre parce qu'à Kharkiv, chez moi, ils sont sous les bombes, j’ai des proches là-bas. On a beaucoup d’amis dans l’armée, beaucoup d’amis dans les villes où ça tape très fort. Et une journée comme ça, ça apaise un peu".
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Son fils Vlassei, dont elle a tatoué le nom sur son épaule, est né en août 2022, soit six mois après le début de la guerre. Et c’est avec anxiété qu’elle regarde ce petit bonhomme courir et jouer avec d’autres enfants. "Aujourd’hui, malheureusement, on perd beaucoup d’enfants à cause de la Russie, à cause des frappes, et tout le reste. Là, j’ai mon fils de deux ans. Et je suis tellement reconnaissante que ces enfants soient en vie, et qu’il puissent vivre les émotions d’une journée comme celle-là. Je sais ce que c’est que de perdre des proches. Il faut que cette guerre s’arrête, et vite", indique Vlada.