Coupe du monde féminine de rugby : pour les Bleues, une médaille et un statut à (re)conquérir

L’émergence du Canada, deuxième nation mondiale et finaliste ce samedi de la Coupe du monde féminine de rugby face à la surpuissante Angleterre, a rebattu les cartes. La France ne fait plus partie du top 3 mondial. Une place sur le podium mondial désormais occupée par la Nouvelle-Zélande, adversaire, également ce samedi (13h30), des Tricolores dans la petite finale. Une médaille de bronze en jeu, donc, mais aussi une place sur le podium du classement mondial. Ce dernier match, dans le temple de rugby de Twickenham, est «important pour le ranking (classement) car on partirait d’ici en étant troisièmes mondiales et ça nous tient à cœur de remonter sur le podium mondial», confirme la pilier Yllana Brosseau.

Et Marine Ménager, qui va disputer le dernier match de sa longue carrière (22 ans !), de poursuivre : «La médaille de bronze n’est pas négociable. On a bossé dur et on le mérite. J’ai à cœur de voir l’équipe se payer. On est prêtes. Que le meilleur gagne.» Passé la déception légitime de cette demi-finale perdue face aux Red Roses (35-17), les Françaises veulent terminer sur une bonne note. Et remettre la France sur le podium mondial.

Quand on est compétiteur, on ne vient pas ici pour perdre. Il y a déjà la déception de ne pas avoir réussi à passer le cap sur un match qui aurait pu, à un moment donné, basculer

Gaëlle Mignot, co-sélectionneuse des Bleues
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«Cela n’effacera pas les regrets car on veut toujours mieux. Je pense aussi au groupe. Ce sera ma dernière, mais pas pour les autres et c’est ce qui va les pousser pour la prochaine Coupe du monde. Il ne faut pas l’oublier car c’est ce qui fait grandir, souligne Marine Ménager. On veut rivaliser mais on veut surtout gagner contre ces nations devant nous au classement mondial. On veut gagner pour montrer que notre place est dans le top 3.»

Reste à savoir si la désillusion de Bristol, où les Tricolores ont tenu tête pendant une heure aux numéros 1 mondiales, a été digérée. Évacuée. «Quand on est compétiteur, on ne vient pas ici pour perdre. Il y a déjà la déception de ne pas avoir réussi à passer le cap sur un match qui aurait pu, à un moment donné, basculer. Ça nous a beaucoup interrogés, confie Gaëlle Mignot, la co-sélectionneuse française. On est passés à la fois pas loin et loin.»

La technicienne - qui a pu compter sur le retour de son facteur X, Joanna Grisez - l’affirme à nouveau : «L’objectif est clair, on ne voit pas d’autre issue à part la troisième place. On connaît la valeur de l’équipe en face de nous, on sait que la tâche sera difficile. Ça aurait aussi très bien pu être une finale de Coupe du Monde. Le top 4 se resserre de plus en plus, ce qui n’était peut-être pas le cas dans les dernières années. On est autodéterminés et dans notre bilan, il nous faut la troisième place.»

Il faut prendre toute l’énergie de ce stade. Cela n’a jamais été fait et félicitations aux Anglais pour ce qu’ils ont fait sur cette Coupe du monde

Marine Ménager, trois-quarts des Bleues

Les Bleues n’ont pas réussi à briser leur plafond de verre et à se hisser pour la première fois en finale de la Coupe du monde. Le tout est désormais de faire aussi bien que par le passé, en décrochant une septième médaille de bronze en dix éditions du tournoi planétaire. Surtout, éviter un retour en arrière comme cette élimination dès les quarts de finale en 1998 ou cette 4e place en 2010. David Ortiz, l’autre tête pensante à la tête du XV de France féminin, entend que ce dernier match récompense «tous les efforts qui ont été fournis depuis les trois derniers mois et, de manière générale, sur les trois dernières saisons. À plusieurs titres, une victoire serait importante dans la validation de notre parcours et de notre travail.»

Ces dernières années, la France avait démontré qu’elle ne faisait plus de complexes face à la Nouvelle-Zélande, nation la plus titrée de la compétition (six sacres). Certes, il y avait eu ce court revers en demi-finale de la dernière édition (24-25) mais, à côté, les Tricolores avaient réalisé quelques coups d’éclat comme ces deux matches remportés en France en 2021 (38-13 à Pau puis 29-7 à Castres) ou encore cette victoire d’un point (18-17) lors du Women XV 2023 en Nouvelle-Zélande. L’an dernier, les Black Ferns avaient pris leur revanche dans la même compétition disputée au Canada (39-14). «On les a battues chez elles, même si on a perdu à Vancouver en WXV. C’est 1-1 balle au centre», martèle Yllana Brosseau.

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Les Bleues - qui ont déjà évolué dans un Twickenham bien garni lors des derniers Tournoi des six nations (58.498 spectateurs en 2023 et 42.000 cette année) - auront l’avantage par rapport aux Néo-Zélandaises de bien connaître l’enceinte située en banlieue de Londres, qui sera cette fois à guichets fermés (82.000 spectateurs). «L’émotion, il faut la prendre quand elle vient mais une fois dans le match, on switche», avance la pilier des Bleues. Et Marine Ménager d’insister : «C’est hyper positif. Il faut prendre toute l’énergie de ce stade. Cela n’a jamais été fait et félicitations aux Anglais pour ce qu’ils ont fait sur cette Coupe du monde. C’est un marqueur fort qu’il faut vivre pleinement et dont il faut se nourrir pour essayer de faire mieux, du moins tout aussi bien, à l’avenir. Ce week-end sera très fort pour le rugby féminin.» Et, espérons, cocorico, pour le rugby féminin français.