Distribution d'aide humanitaire à Gaza : "C'est sciemment fait pour que ça se passe mal", accuse Médecins Sans Frontières après la mort de 20 personnes

"C'est sciemment fait pour que ça se passe mal", accuse mercredi 15 juillet sur franceinfo Amande Bazerolle, responsable des opérations d’urgence de Médecins Sans Frontières à Gaza, après la mort de 20 personnes à un point d'aide à Gaza. La Fondation humanitaire de Gaza (GHF) - organisée privée soutenue par les Etats-Unis et Israël - fait en effet état de 20 morts à un point d'aide situé dans le sud du territoire palestinien, accusant des individus armés d'avoir provoqué "une bousculade".

Amande Bazerolle explique avoir dit dès le début que ce mode de fonctionnement était "voué à l'échec". "On avait été approché par la GHF et on leur avait expliqué que logistiquement parlant - sans parler du fait que ça ne respecte pas le droit humanitaire - ça n'était pas possible".

"Quatre points de distribution pour plus de deux millions de personnes"

La responsable déplore le fait qu'il y ait actuellement seulement "quatre points de distribution pour toute la bande de Gaza, soit plus de deux millions de personnes" et que tous ces points sont situés "dans le sud du territoire", alors que la population est "affamée depuis plus de quatre mois". Amande Bazerolle ajoute qu'"il n'y a pas assez pour tout le monde" et assure que depuis plus d'un mois et demi d'opérations, "il y a des morts tous les jours devant les portes de la GHF". "Tous les jours nous recevons des patients chez nous qui se font tirer dessus par les autorités israéliennes", raconte-t-elle.

"Il y avait 400 points de distribution avant que la GHF et que les Israéliens ne nous interdisent de faire rentrer de l'aide humanitaire pour les populations", poursuit Amande Bazerolle, qui constate que "la malnutrition augmente à Gaza et que les gens sont maintenus avec un filet d'aide". Pour être sûr d'avoir de l'aide, "les gens s'amassent pour être les premiers à y accéder, c'est fait pour que ça se passe mal", répète-t-elle.

"Rien n'a été fait pour améliorer cette situation"

Selon la responsable des opérations d’urgence, "rien n'a été fait pour changer et pour améliorer cette situation". Les choses pourraient mieux se passer s'il y avait plus d'aide, explique-t-elle. "On l'a bien vu pendant la trêve, il n'y a pas eu de problème de sécurité. On a pu faire entrer l'aide en quantité suffisante, on a pu distribuer".

Médecins Sans Frontières, qui ne distribue pas d'aide alimentaire, poursuit ses activités à Gaza, mais Amande Bazerolle assure que l'ONG "est à bout de souffle". "Bientôt, nous ne pourrons plus travailler parce que nous allons manquer de médicaments", alerte-t-elle. Avant de demander une réouverture des points de passage au nord comme au sud de la bande de Gaza, afin de laisser entrer les camions à la frontière.