Un immense camp "humanitaire", sur les ruines de la ville de Rafah. C'est ce que veut établir le gouvernement israélien, selon un plan pour la bande de Gaza du ministre de la Défense, Israël Katz, dévoilé lundi 7 juillet à plusieurs médias du pays et rapporté par le journal Haaretz.
Alors que les attaques de l'armée israélienne continuent à faire des dizaines de victimes chaque jour dans l'enclave palestinienne, en majorité des civils, ce nouveau plan ne pourra être activé qu'en cas de cessez-le-feu avec le Hamas, a prévenu Israël Katz. Voici ce qu'il prévoit pour le territoire, ravagé par 21 mois de guerre.
Israël veut regrouper 600 000 personnes dans un périmètre défini...
Les instructions du ministre de la Défense sont claires : l'armée israélienne doit se préparer à déplacer plusieurs centaines de milliers de personnes vers la ville de Rafah, dans le sud de la bande Gaza. Après avoir été un refuge pour les Gazaouis fuyant les bombardements et les combats du Nord, cette ville proche de la frontière avec l'Egypte a finalement subi le même sort que les autres cités de l'enclave. Tsahal y a mené des assauts répétés et d'innombrables frappes, considérant que des cadres du Hamas s'y cachaient. Ces derniers mois, Rafah a été visée par de nombreux ordres d'évacuation.
C'est dans cette zone ravagée qu'Israël veut établir un immense camp, décrit comme une "ville humanitaire" par Israël Katz, afin d'accueillir 600 000 déplacés de guerre venant en grande partie de la zone côtière d'Al-Mawasi, qui avait été désignée zone humanitaire lors de l'évacuation de Rafah en mai 2024. Pour être admis dans cette zone, les Palestiniens devraient subir un "contrôle de sécurité", dans le but de vérifier leur identité et d'évaluer leur profil. Une fois à l'intérieur, il leur sera interdit d'en ressortir, a déclaré Israël Katz face à la presse israélienne.
... et en confier la gestion à des "partenaires internationaux"
Pour gérer ce "camp", l'armée israélienne sera mise à contribution, notamment lors du déplacement de population. Mais les soldats garderont ensuite leurs distances, a assuré le ministre de la Défense de l'Etat hébreu. Les affaires courantes et l'aide humanitaire doivent être confiées à d'autres acteurs. Interrogé sur ce point, Israël Katz a répondu que son gouvernement était à la recherche de "partenaires internationaux" pour s'occuper de la zone. La coordination de ce plan a été confiée au directeur général du ministère de la Défense israélien, le général Amir Baram.
Ce plan doit débuter avec une première trêve de 60 jours
Surtout, le ministre a fait savoir que la transformation des décombres de Rafah en périmètre d'accueil pourra débuter dès qu'une nouvelle trêve de 60 jours entre l'armée israélienne et le Hamas aura été conclue. Les différentes parties, et leurs intermédiaires, sont actuellement en train de négocier un cessez-le-feu, entre Doha, au Qatar, et les Etats-Unis, où le Premier ministre israélien s'est rendu lundi soir. "Je ne pense pas qu'il y ait de blocage. Je pense que les choses se passent très bien", a commenté le président américain, Donald Trump, au sujet des pourparlers, avant un dîner avec le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, à la Maison Blanche.
Faire "émigrer" à terme la population de Gaza
Israël Katz ne s'en cache pas : l'objectif de la zone d'accueil est de concentrer à terme "tous les habitants" de la bande de Gaza, comme l'a rapporté Haaretz. Soit environ deux millions de personnes, sur le territoire d'une ville qui comptait 250 000 habitants avant la guerre, selon l'ONU. Et le gouvernement israélien ne compte pas s'arrêter là : il veut organiser "l'émigration" des Palestiniens hors de Gaza. "Cela arrivera", a assuré le ministre de la Défense face aux journalistes, sans préciser si le choix des habitants de l'enclave serait pris en compte.
A Washington, lundi soir, le Premier ministre israélien a déclaré que "si les gens veulent quitter Gaza, ils devraient pouvoir le faire". "Nous collaborons avec les Etats-Unis pour trouver des pays qui offriront aux Palestiniens un avenir meilleur", a-t-il lancé, cité par la chaîne israélienne Channel 12. Fin janvier, Donald Trump avait proposé de "nettoyer la bande de Gaza" en poussant à l'évacuation d'un million et demi d'habitants de l'enclave vers l'Egypte et la Jordanie. Ces deux pays voisins d'Israël et des territoires palestiniens avaient alors sèchement refusé un tel plan.