Blagues sexistes, harcèlement et agressions sexuels… Une centaine de médecins, chirurgiens, psychiatres hospitaliers appellent à se mobiliser contre le « sexisme systémique »

Après l’affaire Nicolas W., étudiant condamné pour agressions sexuelles, des mobilisations d’étudiantes engagées contre les VSS (violences sexistes et sexuelles) avaient été soutenues par des associations féministes et des syndicats. D’autant que plusieurs témoignages à l’encontre du célèbre urgentiste Patrick Pelloux lançaient un #MeTooHôpital, notamment celui de l’infectiologue Karine Lacombe. À la fin du mois de mai 2024, la mise en place d’un « plan national de prévention et de lutte contre les VSS » était enfin lancée.

Dans la continuité de ces bouleversements dans le monde hospitalier et universitaire, une centaine de signataires – des « médecins, chirurgiens, psychiatres hospitaliers » – ont lancé un appel, ce lundi 17 février, pour « dénoncer publiquement » le « sexisme systémique qui sévit dans le monde médical hospitalier et universitaire, qui nous salit collectivement, qui met en danger et, parfois, détruit nos collègues femmes », dans une tribune publiée dans le journal Le Monde.

Un appel à « une mobilisation de la communauté médicale »

Les signataires issus du corps médical appellent à « une mobilisation de la communauté médicale ». Le texte demande également une formation « sur la définition et la qualification des violences sexistes et sexuelles » mais aussi sur « les procédures et recours possibles pour les victimes et les témoins ».

Dans ce texte, tous reconnaissent avoir « entendu, et entend (re) encore trop souvent, dans les services hospitaliers et les blocs opératoires, des blagues ou remarques sexistes intimidantes et dégradantes vis-à-vis des collègues ou soignantes femmes ». Les rédacteurs de la tribune vont même jusqu’à reconnaître avoir assisté « à ce qui se nomme clairement maintenant des agressions sexuelles ou du harcèlement sexuel ».

« Souvent, nous avons ricané avec le groupe et renchéri, parfois nous nous sommes contentés d’une attitude de neutralité silencieuse et, exceptionnellement, nous avons fait part de notre désapprobation », poursuivent les signataires qui admettent ainsi avoir pris active aux actes sexistes avec lesquels ils veulent en finir.

D’autant que le texte rend compte d’une enquête du conseil national de l’ordre des médecins, publiée en novembre 2024, qui confirme « ce qu’une thèse de médecine avait montré, en 2020, auprès de 2 200 internes, à savoir que plus de la moitié des médecins femmes actives (54 %) ont été victimes de violences sexistes et sexuelles ».

Et l’étude révèle, plus grave encore, « que 65 % des médecins déclarent avoir eu connaissance de violences sexistes et sexuelles vis-à-vis de leurs collègues ». Et les rédacteurs poursuivent : « L’omerta à laquelle nous participons est une des principales causes de l’échec de nos institutions universitaires et hospitalières face à cette situation honteuse. »

Face à ce constat et estimant que « former les soignants sur la définition et la qualification des violences sexistes et sexuelles mais aussi sur les procédures et recours possibles pour les victimes et les témoins est indispensable » mais « ne sera pas suffisant », ces professionnels s’engagent « à réagir lorsqu’ (ils seront) témoins de propos ou d’attitudes pouvant être qualifiées de sexistes et de harcèlement ou de violences sexuels », à faire « part de (leur) réprobation à tout collègue qui profiterait de sa position hiérarchique ou de son statut d’enseignant ou d’encadrant pour harceler ou violenter un ou une étudiante ou collègue », à aider « les collègues victimes dans leur démarche de signalement », à s’opposer « à ce que les responsables de violence soient promus », et à demander « des enquêtes et des sanctions à l’institution ». Pour qu’enfin, dans ce milieu ultra-hiérarchisé, « la peur et la honte changent de camp ».

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