« Pour les victimes, il est inenvisageable qu’il puisse réaliser des mammographies » : l’étudiant en médecine condamné pour agressions sexuelles pourra-t-il devenir médecin ?

Retour à la case départ. La cour d’appel d’Orléans (Loiret) vient de confirmer le jugement en première instance de Nicolas W pour agressions sexuelles. Tout comme le 19 mars 2024 au tribunal de Tours, l’étudiant en médecine a été condamné à cinq ans de prison assortis d’un sursis probatoire de trois ans, ce mardi 14 janvier 2025.

Là encore, les magistrats n’ont pas suivi les réquisitions du ministère public, qui plaidait pour de la prison ferme. Son nom sera cependant inscrit au Fijais, le fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles et violentes.

Des faits qui remontent à la période 2017-2020

Les faits reprochés à Nicolas W remontent à la période 2017-2020. L’étudiant a reconnu les agressions sexuelles effectuées lors de différentes soirées entre amis, dans un état d’ivresse incontesté. L’une des plaignantes avait porté plainte pour viol pendant son sommeil, les agissements de l’étudiant l’ayant réveillée, et avait accepté de correctionnaliser les faits. À la barre, les victimes avaient témoigné des conséquences à long terme de ces agressions sur leur état psychologique et leurs études.

Au-delà de cette décision de justice, c’est l’avenir professionnel de l’interne en radiologie qui est interrogé. « Mes clientes qui sont bientôt pour l’une médecin généraliste et l’autre interne en pédiatrie ne peuvent pas différencier l’agresseur de l’étudiant en médecine, a expliqué leur avocat, Me Marc Morin, après avoir pris connaissance de la décision. Pour elles, il est inenvisageable que cet homme puisse réaliser des mammographies ou des radios du sexe d’une femme. Il a reconnu les faits reprochés. Cet agresseur ne peut pas se retrouver face à des femmes dans un état de vulnérabilité. » Nicolas W. avait par ailleurs été déjà condamné pour des faits similaires en 2013, alors qu’il était mineur.

Fils de médecins établis

Contrairement aux victimes, ce fils de médecins n’a jamais douté qu’il avait un avenir dans l’univers médical. L’absence de prison ferme dans la décision de justice signifie que sa condamnation sera rapidement effacée de son casier judiciaire, n’entravant pas son inscription à l’ordre des médecins.

Pour autant, un conseil de discipline doit également statuer. Une première mobilisation d’étudiantes et d’étudiants de Limoges, où il avait continué sa formation après avoir été interdit de séjour en Indre-et-Loire, avait alerté sur un stage de gynécologie effectué en 2021 par l’étudiant, malgré des poursuites judiciaires en cours et une injonction à se soigner.

L’automne dernier, une action des professionnels de santé à Toulouse avait entraîné la suspension de son affectation en internat de radiologie au CHU de la ville. Comme le précisait l’ARS d’Occitanie, Nicolas W. devait attendre « la fin des procédures pénale et disciplinaire en cours à son encontre » pour éventuellement poursuivre son internat.

À la suite de cette condamnation de la cour d’appel d’Orléans, il reste désormais à connaître l’issue de la procédure disciplinaire. L’université de Tours ayant été dessaisie en raison de son inaction, c’est à celle d’Aix-Marseille de se prononcer.

Avant de partir, une dernière chose…

Contrairement à 90% des médias français aujourd’hui, l’Humanité ne dépend ni de grands groupes ni de milliardaires. Cela signifie que :

  • nous vous apportons des informations impartiales, sans compromis. Mais aussi que
  • nous n’avons pas les moyens financiers dont bénéficient les autres médias.

L’information indépendante et de qualité a un coût. Payez-le.
Je veux en savoir plus