Guerre en Ukraine : quel effort financier de défense pour l’Europe ?

Alors que le président de la République, Emmanuel Macron, est allé lundi 24 février à Washington plaider la cause de l’Ukraine face à Donald Trump, le futur chancelier allemand, Friedrich Merz, vainqueur des élections législatives dimanche outre-Rhin, dit se préparer au pire scénario dans les relations transatlantiques en matière de défense.

Quel est ce "pire des scénarios" évoqué par Friedrich Merz ? Tout simplement que les États-Unis se détournent de l’Europe en laissant les pays du Vieux continent assurer et assumer, financièrement, leur défense. Assurer notre défense mais à quel prix ? L’étau financier se resserre chaque jour un peu plus sur les capacités de l’Europe à défendre ses propres intérêts sur son propre sol. Les dernières déclarations du leader conservateur allemand, et les positions rappelées par Donald Trump lundi soir, nous ramènent à cette réalité.

Il n’existe à ce jour aucune force de défense européenne commune, mutualisée, en tant que telle. Comment organiser rapidement cette capacité de défense, sachant que cela demande des moyens financiers mobilisables, malgré des finances publiques exsangues partout chez les membres de l'Union ? Et puis, où sont nos ressources pour ne pas perdre la face devant une Amérique conquérante et qui nous demande un effort d’investissement plus important encore au sein-même de l’Alliance atlantique ? Cela fait beaucoup de questions.

Des budgets militaires renforcés en Europe, une nécessité

À défaut d’une armée commune européenne, les États-membres de l’Union n’ont d’autre choix que jouer chacun carte sur table. Pour ce qui est de la France, le ministre des Armées le rappelle : il va falloir faire des choix politiques et budgétaires. "La question n’est pas la pertinence des orientations stratégiques de notre loi de programmation militaire mais son rythme d’exécution". C'est ce que déclarait dimanche 23 février Sébastien Lecornu dans un entretien au journal Le Parisien.

Les 413 milliards d’euros prévus pour les armées dans la Loi de programmation militaire courant jusqu’à 2030 seront-ils suffisants ? Pourrait alors émerger une idée qui fait son chemin : sortir les dépenses militaires du calcul des déficits publics et considérer comme caduques les règles budgétaires du Traité de Maastricht, comme l’a récemment envisagé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Un nouveau cadre budgétaire à inventer, tout semble nous y conduire.