Une quinzaine d’adaptations des Misérables a vu le jour depuis le XIXe siècle. En juillet prochain, l’œuvre intemporelle de Victor Hugo sera à nouveau mise en images à Paris et Bordeaux pour un tournage d’une durée de 17 semaines. Derrière la caméra, Fred Cavayé (Pour elle ; Radin ! ; Le Jeu) a la confiance des studios Canal. Le long-métrage ambitionne de raconter le roman intégral, une première depuis le film musical de Tom Hooper, en 2012, porté par les stars hollywoodiennes Hugh Jackman, Russel Crowe et Anne Hathaway.
Dans la lignée des récentes adaptations du Comte de Monte Cristo , avec Pierre Niney, et des Trois Mousquetaires , avec François Civil, les studios Canal espèrent toucher un large public en racontant l’histoire fleuve de ce qui est, à ce jour, le quatrième plus long roman français.
Un rôle rêvé pour Vincent Lindon
Pour ce faire, Fred Cavayé a réuni un casting d’exception composé d’acteurs populaires et multi-primés. Le communiqué de presse ne précise pas la distribution des rôles. Toutefois, on peut imaginer que Tahar Rahim (deux fois césarisé pour sa performance dans Un Prophète de Jacques Audiard) serait parfait pour endosser la redingote de l’inspecteur Javert. Le personnage de la sinistre Mme Thénardier pourrait échoir à Camille Cottin et celui de Fantine, à Noémie Merlant, César 2023 de la meilleure actrice dans un second rôle pour L’innocent. Le quintuple nominé aux César, Benjamin Lavernhe, est également du projet, tout comme Vassili Schneider, récemment lauréat du Molière de la révélation masculine 2024. Megan Northam, Sayyid El Alami et Marie Colomb bouclent la liste. Lors de son passage à Canneséries, l’actrice de la série Culte de Prime a confirmé au Figaro jouer le rôle d’Eponine, une des filles des Thénardier, secrètement amoureuse de Marius, qui n’a d’yeux que pour Cosette.
Un projet concurrent centré sur la figure de Jean Valjean
Le rôle mythique de Jean Valjean sera assuré par Vincent Lindon, prix d’interprétation à Cannes en 2015, Lumière et César du meilleur acteur en 2016 pour La Loi du marché. Depuis ses débuts en 1984 dans Notre histoire de Bertrand Blier, avec Alain Delon et Nathalie Baye, l’homme aux cinq nominations aux César du meilleur acteur est en quête d’un premier rôle populaire et prestigieux. Certes, il brille dans L’Étudiante de Claude Pinoteau en 1988 aux côtés de Sophie Marceau, dans Titane de Julia Ducournau en 2021 ou dans Le Deuxième acte de Quentin Dupieux (2024), mais, avec Jean Valjean, il touche à un personnage culte de la littérature, du théâtre, du petit et du grand écran. Une institution.
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Le personnage central des Misérables est un monument français, au même titre que Cyrano de Bergerac, Rocambole, Quasimodo ou le Commissaire Maigret. Jean Valjean est déjà apparu plus d’une dizaine de fois sur grand écran. L’annonce du projet de Fred Carayé survient quelques mois après celle du long-métrage d’Éric Besnard intitulé Jean Valjean.
Porté par Grégory Gadebois, ce «récit des origines», dont le tournage s’est déroulé de mi-janvier à fin février, sortira en salle en 2026 et se consacrera aux 100 premières pages du roman. Soit le « basculement de l’ombre à la lumière du personnage ». «1815. Jean Valjean sort du bagne après dix-neuf ans de travaux forcés. Un soir, après avoir été de nombreuses fois rejeté, il trouve refuge chez un prêtre. Monseigneur Bienvenu (Bernard Campan) vit là avec sa sœur (Isabelle Carré) et une unique servante (Alexandra Lamy). Surpris par la chaleur de l’accueil, Jean Valjean est ébranlé dans ses convictions criminelles», promet le synopsis.
La suite de Gabin et Belmondo
Dès l’origine du 7e art, la figure de Jean Valjean a attiré les plus grands. Le premier à l’incarner est l’acteur américain Maurice Costello dans le court-métrage Les Misérables de James Stuart Blackton en 1909. Une longue liste s’en suit : Henry Krauss dans le film muet d’Albert Capellani en 1913, William Farnum dans celui de Frank Lloyd en 1917, Gabriel Gabrio dans la version d’Henri Fescourt en 1925, Harry Baur dans les trois films de Raymond Bernard entre 1933 et 1934, Fredric March dans le long-métrage de l’américain Richard Boleslawski, l’italien Riccardo Ferra en 1948 dans L’Évadé du bagne, Michael Rennie derrière la caméra de Lewis Milestone en 1952, Richard Jordan dans l’adaptation britannique de John Gay en 1978, Lino Ventura en 1982 pour Robert Hossein, Liam Neeson pour l’édition britanno-germano-américaine signée Bille August en 1998, ou encore Hugh Jackman dans la comédie musicale de Tom Hooper en 2012.
Les acteurs qui auront le plus marqué les esprits resteront les merveilleux Jean-Paul Belmondo et Jean Gabin. Le premier, César 1989 du meilleur acteur pour Itinéraire d’un enfant gâté, l’a incarné pour Claude Lelouch en 1995. Le film, intitulé Les Misérables, avait alors remporté le Golden Globe du meilleur long-métrage étranger en 1996.
Jean Gabin, lui, est peut-être l’acteur que l’on rattache le plus à Jean Valjean. Une quarantaine d’années avant Belmondo, le triple lauréat des Victoires du Cinéma français s’est illustré sur grand écran aux côtés de Bernard Blier, Bourvil, ou encore Danièle Delorme dans une mise en scène de Jean-Paul Le Chanois (1958). Le réalisateur avait considéré ce film comme « un achèvement de [sa] carrière ». Pour Vincent Lindon, la succession s’annonce ambitieuse. À 65 ans, l’acteur devait rêver d’un rôle aussi prestigieux. Le voilà servi.
Le parcours de rédemption de Valjean
Côté synopsis, le film de Fred Cavayé s’annonce très fidèle au roman : « Jean Valjean, un ancien forçat évadé du bagne où il a passé 16 ans pour avoir volé du pain, se consacre désormais à faire le bien autour de lui. Il se crée une nouvelle identité, celle d’un notable respecté, et vient en aide à Fantine, une ouvrière mourante en lui promettant de sauver sa fille, la petite Cosette, des griffes des Thénardier, des aubergistes qui l’exploitent et la maltraitent. Alors que Valjean prend soin de l’enfant et l’élève comme sa propre fille, son passé finit par le rattraper en la personne de l’inspecteur Javert qui n’a eu de cesse de le pourchasser durant toutes ces années. En dépit de l’agitation sociale qui secoue la France, les destins de Valjean, de Cosette, de son amant Marius et de Javert s’entremêlent dans un Paris bouillonnant et révolutionnaire. À travers des luttes, des sacrifices et un profond désir de justice, Valjean s’efforce d’achever son parcours de rédemption et d’offrir à Cosette un avenir d’amour et de liberté. »
Bande-annonce des Misérables (2012)