Les attaques n’en finissent plus contre le Parti républicain du peuple – social-démocrate (CHP). À İzmir, bastion historique du principal parti d’opposition, 120 membres de la municipalité ont été arrêtés par la police turque pour ‘‘corruption’’, lors d’une vaste opération au petit matin du 1er juillet. Au total, 157 mandats d’arrêts ont été émis par les autorités. Le pouvoir turc intensifie depuis trois mois la répression de ses opposants.
Cette opération est d’autant plus symbolique qu’elle intervient exactement 100 jours après que le maire d’Istanbul, Ekrem Imamoğlu, a été arrêté le 19 mars de la même manière avec plus d’une centaine d’élus et certains de ses proches. Quelques jours avant, l’édile était nommé candidat du CHP pour l’élection présidentielle de 2028. En tournée depuis plusieurs semaines dans tout le pays, Imamoğlu était crédité d’une popularité nouvelle, capable de faire de l’ombre au président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdoğan si l’élection présidentielle était anticipée : seul moyen pour le Erdoğan de se représenter après deux mandats présidentiels selon la Constitution turque.
Ekrem Imamoğlu est accusé de ‘‘corruption’’, ‘‘d’aide à l’organisation terroriste PKK’’, et voit son diplôme universitaire – constitutionnellement obligatoire pour se présenter à la présidence de la République – annulé. Nombre d’obstacles posé par le gouvernement du Parti de la justice développement (AKP), au pouvoir depuis 2003.
La répression se durcit
Pendant plusieurs semaines dans toute la Turquie, de nombreuses manifestations en soutien à Imamoğlu se sont tenues, réprimées immédiatement : seulement 10 jours après le début des protestations, l’agence de presse Reuters dénombrait 1 900 interpellations en lien avec elles.
Le CHP a appelé à une nouvelle mobilisation dans la soirée de ce 1er juillet pour soutenir Ekrem İmamoğlu au parc de Saraçhane à Istanbul. Un évènement qui risque de prendre une ampleur inattendue à l’annonce des 120 arrestations à Izmir. Le porte-parole du parti, Deniz Yüncel, a déclaré se rendre ‘‘par le premier avion’’ sur la côte égéenne et appelé la justice “à agir en solidarité contre d’éventuelles violations de droits”.
Murat Bakan, vice-président du CHP, dénonce quant à lui “un choix politique clair” de la part du pouvoir. La veille, la justice turque devait se prononcer sur l’annulation des résultats du dernier congrès du CHP pour “fraude”. Un “complot” pour son président Özgür Özel, directement en lien avec ce qu’il nomme le “coup d’État du 19 mars”.
Le CHP – parti fondé par Mustafa Kemal, lui-même fondateur de la République turque – subit de plus en plus de répressions visant à l’empêcher de se déployer politiquement, à l’instar de beaucoup d’autres composantes de l’opposition.
Ce week-end, avant même le début de la marche des fiertés à Istanbul, plus d’une cinquantaine de participants ont été arrêtés. Depuis 2015, le gouvernement interdit toute manifestation LGBT. Les arrestations, les accusations de “corruption” et de “terrorisme” s’intensifient depuis plusieurs années pour les nombreux opposants au pouvoir central turc : les formations kurdes, les associations LGBT, les journalistes et les juges.
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