« Il est évidemment faux de nous imputer une quelconque intention antisémite » : la FI s’explique après le retrait d’un visuel jugé antisémite

Le visuel a été retiré. Puis remplacé par un équivalent plus sobre (ou moins ambigu, c’est selon). Mais la polémique demeure, la France insoumise prêtant une nouvelle fois le flanc aux accusations d’antisémitisme qui éclaboussent toute la gauche. En noir et blanc, le visage grimaçant de Cyril Hanouna sort de l’ombre, nez et oreilles soulignés par le contraste de l’image. « Manifestations contre l’extrême droite, ses idées et… ses relais – Partout en France le 22 mars », peut-on y lire.

Donald Trump, Javier Milei, Pascal Praud ou encore Vladimir Poutine ont le droit au même traitement. Mais, à l’inverse de la vedette cathodique du groupe Bolloré, aucun des précités n’est d’origine juive. Devant le document, qui peut rappeler l’esthétique graphique de l’affiche des films de propagande nazis le Juif éternel et le Juif Süss, l’animateur-producteur de feu la chaîne C8 a annoncé porter plainte. Et l’extrême droite se délecte de coller à nouveau le pire des stigmates à un adversaire politique.

« À l’exact opposé de nos principes »

L’affiche a donc été dépubliée des réseaux sociaux. Mais la FI n’a présenté aucun mea culpa. « Par pitié, lâchez-nous, occupez-vous de ce qu’on raconte vraiment », a balayé Jean-Luc Mélenchon, sur France Inter. Manuel Bompard, coordinateur national du mouvement, assure, auprès de l’Humanité, que la suppression du tract n’est due qu’aux accusateurs cherchant à « faire un parallèle avec les immondes affiches antisémites des années 1930 » pour lui « donner un sens qu’il n’avait jamais voulu avoir ».

« Tous les visuels ont été établis avec les mêmes codes graphiques pour dénoncer l’extrême droite et ses relais, poursuit le député de Marseille. Il est donc évidemment faux de nous imputer une quelconque intention antisémite. Ce type de pensée est à l’exact opposé de nos principes. Nous ne considérons jamais une personne en raison de sa religion ou de son origine. »

Si l’extrême droite s’applique à diaboliser toujours plus la France insoumise pour mieux se normaliser, le visuel dérange aussi à gauche, à l’instar de la sénatrice socialiste Laurence Rossignol, qui dénonce « une saloperie antisémite » qui, « renouvelée chaque semaine, fait une ligne politique ».

« Comment une telle image a-t-elle pu être validée et publiée par la direction de la FI ? » s’interroge aussi le Réseau d’actions contre l’antisémitisme et tous les racismes (RAAR). Le malaise a aussi contaminé les rangs du mouvement mélenchoniste, selon l’Opinion. Dans une boucle interne au groupe parlementaire, quatre députés, dont Aymeric Caron, ont regretté cette « communication catastrophique ».