13 500 postes vacants dans les crèches. Ce chiffre alarmant a été révélé début juillet par une enquête de la Caisse nationale des allocations familiales. Pour faire face à la perte d’attractivité du secteur, le Ministère du travail porte le projet de création d’un nouveau titre professionnel, intitulé « Intervenant Éducatif Petite Enfance ». Ce diplôme de « niveau 4 », serait équivalent à celui des auxiliaires de puériculture.
Le projet, aux contours encore flous, fait bondir les syndicats du secteur qui subodorent à l’inverse une déqualification. Ceux-ci pointent notamment le faible nombre d’heures de formation prévues.
Le risque de « tirer le métier vers le bas »
L’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes leur avait d’abord présenté une formation entre 800 et 1 000 heures sur 10 mois. Le gouvernement a finalement assuré que le volume horaire compterait plutôt 1 400 heures, comme celui des auxiliaires de puériculture. Mais c’est surtout le peu d’heures de stage prévu qui inquiète les syndicats : 210 au total. À titre de comparaison, les CAP Accompagnant Éducatif Petite Enfance effectuent environ 450 heures de stage et les auxiliaires de puériculture, 770 heures.
« Ces professionnels auront des responsabilités qu’ils ne seront pas en capacité d’assumer », s’inquiète Véronique Escames, co-secrétaire générale du Syndicat national des professionel.le.s de la petite enfance (SNPPE). Une fois en poste, les organisations de travailleurs craignent que ces personnes, mises en difficultés, finissent par démissionner. « Le turnover risque encore d’augmenter », avertit la syndicaliste.
Au-delà de ne pas résoudre le problème de pénurie de personnels, une telle formation risque de « tirer le métier vers le bas », alerte Céline Lemaire, membre du collectif médico-social de la CGT Services Publics.
Pas de formation aux soins
Les syndicats redoutent, à terme, le remplacement des auxiliaires de puériculture par ces nouveaux « Intervenant Éducatif Petite Enfance ». « Nous avons des enfants entre les mains, c’est une grande responsabilité. On ne peut pas pallier la pénurie en diminuant le niveau des formations », s’indigne cette auxiliaire de puériculture.
Pourtant classé au même niveau que le diplôme d’auxiliaire de puériculture, ce nouveau titre professionnel ne prévoit pas de formation aux soins. « Certains enfants arrivent à la crèche à l’âge de trois mois. Ces tout-petits nécessitent principalement que leurs besoins vitaux soient comblés », relate Véronique Escames.
« Nous sommes aussi amenés à accueillir des enfants en situation de handicap ou atteints de maladies chroniques. S’il n’y a plus d’auxiliaires de puériculture, comment les accueillera-t-on correctement ? Qui fera les soins ? », interroge la co-secrétaire du SNPPE.
Les syndicats de la Petite enfance soupçonnent également un contournement des nouvelles restrictions imposées aux micro-crèches depuis avril 2025, rendant désormais « obligatoire la présence d’au minimum un professionnel diplômé dans l’équipe d’encadrement des enfants ».
Selon le SNPPE, ce nouveau titre professionnel serait une « porte ouverte aux gestionnaires privés de micro-crèches pour recruter du personnel rapidement formé et peu qualifié ».
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