Angleterre-France : un Crunch aussi déséquilibré que galvanisant pour des Bleues décidées à marquer l'histoire

"On y est !", crient-elles presque d'excitation. Les Bleues, avec quatre victoires en poche, affrontent, samedi 26 avril (17h45 sur France 2), à Londres dans le mythique stade de Twickenham, leurs meilleures ennemies, le XV de la Rose, pour la finale de ce Tournoi 2025. Une finale annoncée comme compte triple. "On joue les premières mondiales, a confié Marine Ménager à la veille du Crunch, vendredi. Il y a une excitation un peu différente. C'est un gros match pour nous évidemment et on veut mettre les bons ingrédients".

Parce que les Anglaises dominent de la tête et des épaules la scène européenne depuis sept ans. Parce qu'un Crunch a toujours une saveur particulière pour les amateurs de rugby. Parce que dans quelques mois, les Françaises traverseront à nouveau la Manche pour jouer la Coupe du monde en pays anglais. "La rivalité entre elles et nous a toujours existé, se remémore Marie Sempéré, ancienne joueuse du XV de France et consultante pour France Télévisions. Tu as toujours envie de les battre parce qu'elles te poussent à être la meilleure version de toi-même".

La meilleure équipe du monde ?

"On savait que si on battait les Anglaises, on pouvait prétendre au Grand Chelem, se souvient Safi N'Diaye pour franceinfo: sport. En 2018, c'était en France et ça s'est joué à un demi-pied de Jess [Trémoulière] qui a failli aller en touche". L'ex-troisième ligne centre française, qui a mis un terme à sa carrière à la fin de la précédente Coupe du monde en Nouvelle-Zélande (2022) rejoue le match comme si c'était hier. "C'est vrai qu'il y a un truc en plus quand on affronte l'Angleterre. C'est bien notre côté latin, plaisante-t-elle. Il y a un supplément d'âme, tu te transcendes grâce à un mélange d'envie et de peur". Une recette que ne renie pas Marie Sempéré.

"On a toujours envie de se frotter à elles. Les Anglaises, c'est la référence dans le monde du rugby, analyse la consultante. Elles ont cette capacité à durer dans la performance, même si elles ne sont pas championnes du monde en titre". En effet, en 2022, ce sont les Néo-Zélandaises, chez elles, qui ont gagné la finale de la Coupe du monde. Mais leur force réside sans conteste dans l'expérience de leur collectif : trois joueuses dans leur groupe ont été championnes du monde en... 2014. "On dirait plus un club qu'une équipe nationale tellement elles se connaissent par cœur", ajoute Marie Sempéré. Un défi XXL pour les Françaises qui doivent aussi vaincre la domination mentale.

"Le match où il y a le plus d’intensité, le plus de combat"

Six victoires d'affilée pour autant de grands chelems, ça pose un palmarès mais aussi une assurance, qui peut parfois tourner à la provocation. "Leurs performances sur le terrain sont énormes, mais leur état d'esprit aussi, note Marie Sempéré. Ce sont des joueuses très taquines, hautaines, qui essaient de te faire sortir de ton match". La rivalité s'en trouve ainsi renforcée quand mentalement, il faut être prêt à se battre sur chaque ballon.

"Pour en avoir joué quelques-uns, ça reste la plus grosse rivalité, oui, assure Caroline Drouin, la numéro 10 du LOU. Je pense que c’est aussi le match où il y a le plus d’intensité, le plus de combat". Et où la moindre erreur peut être fatale ? "On ne pourra jamais battre les Anglaises à 50, 60 ou même 90%, avertit Safi N'Diaye. Il faut qu’on soit dans une réussite totale, réussite au pied, réussite au plaquage, ne pas faire de faute. La marge est très faible, voire inexistante". Réaliser le Crunch parfait, c'est bien l'intention des Bleues, surtout contre les Anglaises, chez elles à Twickenham devant une foule nombreuse et hostile et à quelques semaines de leur Coupe du monde à domicile.

"Les Bleues peuvent leur gâcher la fête, elles n'ont rien à perdre excepté réaliser la meilleure performance possible pour essayer d'aller les titiller", affirmait, pleine d'espoir, Marie Sempéré avant le tournoi. Pour y parvenir, l'équipe de France sait qu'elle doit attaquer fort et ne pas se laisser déborder en première période comme contre les Anglaises il y a deux ans ou... il y a une semaine en Italie. "On ne parle que de cette équipe d’Angleterre et de leur championnat mais nous évoluons aussi, et notre championnat évolue également, sonnait la révolte il y a quelques jours la talonneuse Manon Bigot. À nous, l’équipe nationale, de montrer que justement leur suprématie va bientôt s’arrêter". Dès aujourd'hui en finale du Tournoi des six nations ?