Patti Smith, Hoshi, Eddy de Pretto, Youssoupha, Kalash… Retrouvez les artistes de la Fête de l’Humanité 2025

Le grand retour de Patti Smith

Lors de son premier et dernier passage à la Fête de l’Humanité en 2012, elle nous avait lancé une politesse en forme de fleur : « Tout le monde devrait avoir envie de participer à un festival qui porte un nom comme celui-ci. » C’était écrit dans nos colonnes, avant que Patti Smith ne monte sur la Grande Scène. Et ce n’était finalement qu’un au revoir.

L’icône new-yorkaise célébrera cette année ses grandes retrouvailles avec la Fête et son public militant. Toute à son amour de Rimbaud, dont elle a racheté la maison maternelle à Charleville-Mézières, dans les Ardennes, à ses autobiographies et ses fusains, elle n’en a pas pour autant oublié la musique, et c’est en quartet qu’elle viendra cette année nous rendre visite : avec son fils Jackson Smith à la guitare, Seb Rochford, fondateur du groupe britannique Polar Bear, à la batterie et Tony Shanahan à la basse et aux claviers qui l’accompagne depuis trois décennies.

Une formation serrée pour revisiter un répertoire qui s’est forgé au contact de la contre-culture new-yorkaise, avec Horses (1975) ou Easter (1978), deux albums majeurs de l’épopée rock qui contribuèrent à allumer la mèche punk.

Fidèle à ses engagements pour préserver la planète et tous ceux qui la peuplent, toujours debout contre le trumpisme triomphant, la misogynie crasse et l’impérialisme vorace, elle sera forcément très attendue dans le grand bain fraternel de la Fête de l’Humanité. « Quand on est unis, on peut tout faire », disait-elle encore. Nul doute qu’elle se sentira ici chez elle, prête à redonner, ne serait-ce que le temps d’une chanson, du pouvoir au peuple.

GIMS, maître régnant de la chanson française

C’est « l’histoire d’un blédard devenu roi », ironise GIMS sur Air Force Blanche, son dernier tube en date, chanté-rappé à deux avec Jul. Il est vrai que le chanteur, né à Kinshasa d’un père qui chantait avec Papa Wemba avant d’immigrer en France, règne quasiment en maître sur le top 50 depuis quinze ans.

La recette du succès : un talent mélodique certain, une voix reconnaissable entre mille et un goût pour la formule qui reste en tête (pourra-t-on un jour oublier le « Loulou et Boutin » de Sapés comme jamais ?).

GIMS est encore adolescent lorsqu’il crée Sexion d’Assaut avec une clique de rappeurs passionnés. Les albums circulent sous le radar et génèrent un petit culte d’initiés qui débordera bientôt sur la France entière. En 2010, le collectif signe chez une major et sort l’École des points vitaux, immédiatement devenu standard du rap français.

On y distingue déjà la voix si singulière de ce grand gaillard, son vibrato chevaleresque qui, dès Subliminal, son premier album solo sur label, fera s’écrouler les cases de la musique populaire pour construire un pont entre le rap, l’afropop et la variété française.

Ses collaborations parlent pour elles-mêmes, de Niska à Sia, en passant par Vianney ou son demi-frère Dadju. De quoi balayer du revers de la main le terme de « musique urbaine », trop réducteur pour ce maximaliste.

À la fois inévitable et discret, toujours caché derrière ses lunettes noires, GIMS n’en fait pas moins de la musique pour les foules. Une musique qui trouve sa place partout où il y a du monde, des cours de récréation au Stade de France, en passant par la Fête de l’Humanité.

Hoshi, cœur d’artiste

« En 2012, j’étais dans le public, les yeux rivés sur Patti Smith, en me disant qu’un jour, moi aussi, je rêverai d’être sur scène. Ce soir-là, j’ai lancé mon projet pour de bon. Treize ans plus tard, je suis sur l’affiche, à côté de Patti Smith. Croyez en vos rêves. » C’est avec ces mots remplis d’émotion que Hoshi annonce sa venue à la Fête de l’Humanité.

Les mots forts de son album Cœur parapluie ont déjà conquis des dizaines de milliers de personnes à travers le pays. Nul doute que son passage, à la fin d’une longue tournée des festivals, sera un beau moment de communion et de partage.

Youssoupha, rappeur capital

C’est loin de n’être qu’une affaire de marketing. Depuis trois albums, c’est-à-dire depuis NGRTD, Youssoupha écrit le titre de ses chansons en lettres capitales. Au fil du temps, le rappeur né à Kinshasa, au Zaïre, aujourd’hui République démocratique du Congo, s’est imposé comme une figure importante du hip-hop francophone.

Voilà bientôt vingt ans qu’il occupe ce paysage musical. Et celui qui reconnaît un début de carrière compliqué n’a pas eu que des galères d’artiste. Sa mère sénégalaise l’élève seule au Congo, jusqu’à ses 10 ans, puis il part en France. Dans le morceau À chaque jour de l’album Neptune Terminus, le chanteur raconte la désillusion de l’immigration.

Alors qu’il a 14 ans, lui et sa tante sont expulsés de leur logement et vivent dans la rue. Les années Sorbonne ne sont pas synonymes d’amélioration. « C’était la précarité », confiait-il à l’Humanité en 2021, malgré l’obtention d’une maîtrise en médiation culturelle et communication. La critique française l’a longtemps ramené à ses diplômes, comme pour justifier la bonne réception de ses œuvres.

Youssoupha écrit surtout sur la marginalité sociale et le racisme. L’auteur maîtrise le sens des mots et les célèbre un cheveu sur la langue. Côté instrumentation, il s’entoure souvent d’un piano rythmique, du groove de la basse et d’un chœur gospel. Y compris dans son dernier album, Amour suprême, projet plus spirituel et symphonique. Dans Dieu est grande, composé en ternaire, le musicien de 45 ans s’adresse à sa fille : « C’est bien prétentieux d’apprendre la vie à celles qui la donnent. » Respect.

Eddy de Pretto à la reconquête des cœurs de la Fête de l’Humanité

Depuis 2017, Eddy de Pretto a fait du chemin. Celui qui se présentait sur scène sans rien d’autre que des instrus sur téléphone remplit aujourd’hui les plus grandes salles de France, accompagné d’un groupe des plus énergiques. En décembre 2024, l’auteur-compositeur-interprète se produisait pour la première fois à Bercy dans le cadre de son Crash cœur tour, un concert comme un acmé riche en émotions et en invités.

En huit ans, Eddy de Pretto s’est révélé comme un fin analyste de notre société, aux textes toujours justes et qui touchent au cœur. Trois albums, différents, qui racontent une évolution de l’artiste comme du monde qui l’entoure. Surtout, il prend son temps. « À croire que c’est à celui qui vivrait le plus rapide qui écrirait le plus vite, le plus fort, le plus souvent possible/Avec sa grosse, grande plume qui aurait tout l’mérite/Mais je ne veux pas raconter n’imp », chante-t-il dans Tout vivre, titre qui clôt son deuxième album, À tous les bâtards (2021).

Un premier album (Cure, 2017) personnel, brut et puissant, un deuxième traitant de la différence et de la stigmatisation et un troisième (Crash cœur, 2024) plus dansant qui chante les hauts comme les bas de la vie… et voilà l’artiste parisien bien installé en haut de l’affiche. « Je puise ma force dans les rendez-vous scéniques, chanter m’anime énormément », affirmait-il dans nos colonnes.

En septembre, Eddy de Pretto retrouvera la Fête, qui l’avait déjà accueilli en 2019, où résonneront ses textes poignants sur la virilité (Kid), la solitude (Personne pour l’hiver), l’amour (Love’n’tendresse) ou encore la santé mentale (Instable ou Être bien).

Kompromat a les moyens de vous faire danser

Bien avant de lancer l’aventure Kompromat avec Vitalic, Rebeka Warrior, de son nom Julia Lanoë, musicienne issue des Beaux-Arts et autrice d’un premier roman prévu à la rentrée, était devenue l’une des figures les plus attachantes et passionnantes de la scène française. Grâce, notamment, à Sexy Sushi et Mansfield.TYA, deux projets d’électro-pop caustiques et esthètes menés tambours battants. Il y avait pour la musicienne comme une évidence à sceller en 2019 une association avec Pascal Arbez-Nicolas, alias Vitalic, héros d’un circuit électro qu’il a arpenté depuis vingt ans en remplissant, derrière ses platines, un nombre incalculable de scènes.

En résulte une fusion parfaite de caractères et d’influences pour une electronic body music (EBM), genre de post-punk mâtiné de cold wave, prompte à susciter la danse et à provoquer la transe. Avec Traum und Existenz, sorti en 2019 et tiré par l’impeccable et l’implacable Niemand, le duo marque le début de la décennie avec un son venu de l’Est, assez loin de notre French touch.

Chanté en allemand, l’album révèle un univers tout à la fois glacial et ardent qui se fond à merveille dans les sonorités techno inspirées par la scène berlinoise. Il a fallu attendre cinq ans pour qu’en 2024 le duo remette le couvert avec Playing/Praying, géniale succession de psaumes, cantiques et hymnes charnels qu’ils défendent sur scène avec une ferveur extatique et une générosité saisissante. Rebeka Warrior, avec son allure mi-fauve, mi-serpent, accapare la scène comme une prêtresse païenne pour un spectacle total qui ne laisse personne indemne.

Kalash, le flow caribéen

Kalash fait partie des artistes les plus polyvalents de sa génération. Originaire de la Martinique, il commence sa carrière dans les sound systems, où il forge un style unique mêlant rap, reggae, dancehall et sonorités caribéennes, ce qui lui permet de se démarquer sur la scène francophone. Son album Tombolo, sorti en 2022, illustre parfaitement la richesse de son univers musical. À travers des morceaux à la fois puissants et mélodiques, Kalash affirme son identité artistique et confirme son statut d’artiste accompli. Son flow énergique, sa créativité et son sens du rythme font de lui une figure incontournable du paysage musical.

Pogo Car Crash Control, ça bouscule tout

Depuis 2016, Pogo Car Crash Control secoue la scène musicale avec son rock brut et sans concession, fusionnant l’urgence du punk et la puissance du metal. Avec son album, Fréquence Violence (2022), le quatuor avait déjà bousculé les frontières des musiques amplifiées, explorant des sonorités grunge (Cristaux liquides, Recommence à zéro…) et affirmant une identité forte. Avec son nouvel album Negative Skills, le groupe dynamite les barrières linguistiques en fusionnant français et anglais au cœur de riffs aussi tranchants que survoltés. Sueur à prévoir à la Fête de l’Humanité.

Tshegue, un cri qui vient de l’intérieur

Rencontrés à Paris au milieu des années 2010, Faty Sy Savanet et Nicolas « Dakou » Dacunha proposent depuis 2017, mélange de rock, de blues, d’électro, de funk et de beats africains chanté en lingala (langue bantoue du Congo). Avec un nouveau projet nommé Argent sous le bras, Tshegue s’apprête à dompter la scène de la Fête de l’Humanité avec une musique mélangeant avec brio des sons ancestraux avec une touche extrêmement contemporaine. La musique de Tshegue porte un grand nombre de messages politiques forts, avec une pointe d’histoires personnelles et captivantes. Sensation à découvrir en urgence.

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