REPORTAGE. "20% des Allemands de l'Ouest ne sont encore jamais allés à l'Est" : 35 ans après la chute du mur de Berlin, les inégalités persistent
C'était il y a 35 ans, le 9 novembre 1989 : la chute du mur de Berlin qui a divisé l'Allemagne entre 1961 et 1989. Avec la réconciliation entre l'Est et l'Ouest, l'Allemagne s'est agrandie de 43% et la population a augmenté d'un quart. Si la frontière physique a disparu, des inégalités subsistent même si les autorités font tout pour les estomper.
Il ne reste, à Berlin, que quelques centaines de mètres de mur encore intactes sur les 155 kilomètres de béton gris qui séparaient l'Est de l'Ouest. Comme des vestiges d'un mur, dont le souvenir s'estompe, estime le maire, Kai Wegner : "Si vous demandez aujourd'hui aux Berlinois, moi y compris, où passait précisément le mur, beaucoup ne sauront plus le dire précisément… Et c'est une bonne chose."
"L'Est est décrit comme un endroit où vivent des gens bizarres"
Si le mur a disparu, les divisions, malgré tout, demeurent : les salaires sont inférieurs de 20% dans l'Est et ce sont les Allemands de l'Ouest qui occupent les postes à responsabilité, par exemple. La réunification n'est pas achevée; estime Dirk Oschmann, l'auteur d'un ouvrage sur le sujet : "20% des Allemands de l'Ouest ne sont encore jamais allés à l'Est. L'Est est décrit comme un endroit où vivent des gens bizarres qui, en général, sont des nazis. On dit que c'est moche et ce sont toujours des images de délabrement qui circulent dans les séries télé. En gros, l'Est est une région où on n'a aucune raison d'aller."
Au gouvernement, Carsten Schneider est chargé d'aplanir les différences Est/Ouest. Il estime que l'ex-RDA a des atouts à faire valoir : "Il y a des emplois, et aussi des écoles de très bon niveau. Sur le marché de l'immobilier, vous pouvez obtenir un appartement rénové à Chemnitz pour six euros le mètre carré, en location. Et nous avons des terrains, où les entreprises peuvent s'implanter. Tout ça, à une heure de train de Berlin."
Après la chute du mur, plus de trois millions d'Allemands ont quitté l'Est pour s'installer à l'Ouest. L'ex-RDA, à la démographie vieillissante et qui manque de main-d'œuvre, a plus que jamais besoin d'attirer de nouveaux habitants.