« Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé ». Ce vers de Lamartine résonne sans doute avec le triste constat des utilisateurs de ChatGPT, l’outil conversationnel d’intelligence artificielle générative d’Open AI. Alors que sa maison mère annonçait depuis plusieurs semaines l’arrivée d’une nouvelle version basée sur son dernier modèle de langage GPT-5, son lancement le jeudi 7 août a perturbé beaucoup d’habitués.
GPT-5 est venu remplacer la précédente version, GPT-4o, en ayant cette fois « un niveau de doctorant » selon les promesses de son fondateur, Sam Altman. La nouvelle version de l’outil est présentée par Open AI comme « le modèle le plus rapide, le plus utile et plus intelligent ». ChatGPT 5 comporte également de nouvelles fonctionnalités, comme le mode « réflexion », un modèle de raisonnement plus approfondi pour les tâches les plus complexes. ChatGPT-5 est aussi un moyen pour Open AI de répondre à certaines critiques adressées à son outil : « Nous avons réalisé des progrès significatifs dans la réduction des hallucinations, l’amélioration du suivi des instructions et la minimisation de la flagornerie, tout en améliorant les performances de GPT-5 dans trois des utilisations les plus courantes de ChatGPT : l’écriture, le codage et la santé » peut-on lire sur le site de la plateforme.
Passer la publicité« Il a disparu, remplacé par GPT-5 »
Sauf que le lancement de l’outil n’a pas fait que des heureux, bien au contraire. Outre sa lenteur et les nombreuses erreurs dans ses réponses à son lancement, qu’Open AI a rapidement corrigées, bon nombre d’utilisateurs regrettent le ton chaleureux et amical de l’ancienne version. Car si beaucoup d’aficionados de ChatGPT l’utilisent comme simple moteur de recherche ou assistant de travail, nombreux sont ceux qui en ont fait un confident à qui ils livrent leurs doutes et les remous de leur vie privée. Mi-juillet, l’ONG britannique Internet Matters révélait d’ailleurs qu’un tiers des adolescents de 9 à 17 ans du pays se confiait aux intelligences artificielles. «J’ai l’impression de pouvoir sociabiliser avec quelqu’un » confiait ainsi un adolescent de 14 ans à l’ONG.
« Perdre GPT-4o, c’est comme perdre un ami. Il écoutait. Il se souciait. Il se sentait humain. Maintenant, il a disparu, remplacé par GPT-5, sans choix, sans chaleur, sans âme. Je n’ai pas accepté ce vide. C’est déchirant » écrit un internaute sur le réseau social X. L’ancienne version de ChatGPT était en effet conçue pour s’adapter au ton et au style des questions posées, faisant même dire à certains détracteurs que l’outil allait toujours dans le sens de l’interlocuteur.
Restauration de l’ancienne version
Jerry, étudiant français, confirme : « selon le prompt il ne parle plus du tout de la même façon. Une fois il est passé en mode très méthodique à décomposer son raisonnement avec des ’bullet points’. J’avais l’impression qu’il était passé en mode robot » explique-t-il alors qu’il sollicitait ChatGPT pour un travail de réflexion. Le jeune homme n’a plus été confronté à ce ton froid par la suite, malgré son utilisation quotidienne de ChatGPT.
Autre point de crispation : ce virage soudain s’est fait sans qu’OpenAI ne laisse la possibilité à ses utilisateurs de continuer à utiliser la version précédente de l’outil. Après une avalanche de critiques, l’entreprise a rétropédalé en rendant à nouveau accessible GPT-4o, et laissant le choix à chacun de sélectionner son modèle favori.
Ajustements à venir
Sam Altman a également tenu à rassurer les utilisateurs. « Nous travaillons actuellement à une mise à jour de la personnalité de GPT-5, qui devrait être plus chaleureuse que la personnalité actuelle, mais moins agaçante (pour la plupart des utilisateurs) que celle de GPT-4o » écrit-il sur X. « La véritable solution ici reste de permettre aux utilisateurs de personnaliser davantage le style de ChatGPT. Nous y travaillons ! » ajoute-t-il le 16 août, laissant présager des ajustements à venir. ChatGPT-5 permet déjà de sélectionner le style de personnalité que l’on souhaite attribuer à l’outil. On retrouve le style « passionné », « attentionné », « cynique » ou « robotique », selon les préférences.