REPORTAGE. "Il faut éviter une percée éclair" : dans la région de Koupiansk, l'armée ukrainienne tente de tenir la ligne de front et se prépare à reculer

La pression des forces russes s'accentue en Ukraine. Les frappes russes sur des villes et villages sont presque quotidiennes ces derniers jours. Après celle qui a fait 34 morts dimanche 13 avril à Soumy, quatre autres civils sont décédés lundi dans la région de Koupiansk, au nord-est du pays. Les soldats de la 114e brigade sont positionnés dans cette région avec les Russes à moins de deux kilomètres. "Ces derniers temps, les Russes sont plus actifs, explique Pavlo Velihorskiy, qui commande une unité d'opérateurs de drones. Ils nous pilonnent avec leurs grosses frappes."

Un sifflement passe au-dessus de sa tête. "C'est l'aviation", précise son lieutenant-colonel. Il s'agit de deux bombes russes de 500 kilos. "Il peut tomber jusqu'à 30 bombes d'aviation guidées par jour, seulement sur Koupiansk, indique Pavlo Velihorskiy. Sans compter les drones kamikazes, les tirs d'artillerie, les lance-roquettes."

Les drones sont désormais responsables de 70% des morts parmi les combattants, ukrainiens comme russes. Mais leurs usages sont multiples, l'armée cherche en permanence à les optimiser. "Les drones ce sont des yeux, poursuit le soldat ukrainien. Maintenant, c'est devenu des forces de frappe. Avec un petit oiseau, on peut arrêter un assaut. Et ils aident les hommes sur les positions les plus avancées. Avec les drones, on les ravitaille de tout, provisions et munitions, là où les véhicules ne peuvent pas aller."

Pavlo et Volodymyr de la 114e brigade de l'armée ukrainienne font face à un regain de pression des forces russes. (GILLES GALLINARO / RADIO FRANCE)
Pavlo et Volodymyr de la 114e brigade de l'armée ukrainienne font face à un regain de pression des forces russes. (GILLES GALLINARO / RADIO FRANCE)

Depuis l'autre rive de la rivière Oskil qui coupe Koupiansk en deux, les Russes continuent de bombarder. L'étape d'après, c'est l'assaut terrestre, expliquent ces militaires. "L'armée ukrainienne prépare plusieurs échelons de défense, au cas où les Russes franchissent la ligne de front, explique Volodymyr Porvatov, 55 ans, lieutenant-colonel de la 114e brigade. Pour nous replier stratégiquement sur les positions préparées et éviter une percée éclair. Au moins pour les arrêter sur ces positions, ou même les repousser."

Mais après trois ans de guerre, Volodymyr Porvatov sait que la victoire ne sera pas militaire. "Les Russes sont trois fois plus nombreux que nous", admet-il. La victoire passera forcément par la voie diplomatique. L'enjeu c'est d'arriver le plus fort possible à la table des négociations.

Dans la région de Koupiansk, l'armée ukrainienne tente de tenir la ligne de front et se prépare à reculer - Reportage de Faustine Calmel