Pas de victoire depuis 27 étapes, toujours aucun podium... Visualisez le déclassement des coureurs français sur le Tour de France 2025

Thibaut Pinot et Romain Bardet devant leur télé, Julian Alaphilippe ou Arnaud Démare qui ne sont plus tout à fait à leur meilleur niveau, la jeune génération impuissante face à Tadej Pogacar en montagne, les étapes de transition trustées par les rois des classiques comme Mathieu Van der Poel et les sprints se disputant sans réel challenger français... Les compteurs tricolores ne sont pas au beau fixe, après deux semaines de Grande Boucle, édition 2025.

Alors que le peloton profite d'un repos bien mérité après les Pyrénées, lundi 21 juillet, pas trace d'un Tricolore qui a levé les bras après 15 étapes éprouvantes. Cela fait 27 étapes qu'on attend un succès français sur le Tour de France, depuis la victoire d'Anthony Turgis sur les chemins blancs de Champagne le 7 juillet 2024.

La série peut paraître longue, mais le supporter a connu pire il n'y a pas si longtemps à la sortie de la pandémie de Covid-19 avec 37 étapes de rang sans victoire. La palme revient à la terrible série au tournant du siècle : en 1999 lors du fameux "Tour du renouveau", la Grande Boucle s'est conclue sans victoire française.

Cela fait cinq ans que la palme de la nation victorieuse du plus grand nombre d'étapes sur le Tour se joue entre la Belgique et la Slovénie. Côté français, depuis une fin de décennie 2010 faste tant au nombre d'étapes qu'au classement général, avec les podiums de Romain Bardet et les épopées de Thibaut Pinot et Julian Alaphilippe, la tendance est à un passage au second plan. Encore cette année : seules trois équipes sur 22 ont confié le leadership à un coureur français. C'était plus du double en 2018 ou 2019.

Cherche podium désespérément

Plus tout à fait dans le coup, les coureurs français ? Si on creuse un peu les "presque victoires", c'est très net. Le nombre de podiums sur les étapes diminue année après année depuis dix ans. Il a fallu attendre un sprint rageur de Julian Alaphilippe, à l'arrivée de la 15e étape à Carcassonne (Aude), pour débloquer le compteur tricolore. La formation Groupama-FDJ, qui compte nombre de baroudeurs tricolores dans ses rangs, pèse très peu sur les débats, au grand désespoir de son manager Marc Madiot, qui se désolait après un nouvel échec à Toulouse : "On a couru à l'envers. (...) Les jours défilent, il ne faut jamais laisser passer les occasions qui se présentent. On en a laissé passer une."

Ce baromètre d'un certain déclassement du cyclisme tricolore ne serait pas complet sans se pencher sur les maillots distinctifs. Côté maillot jaune, on attend un successeur à Bernard Hinault, le dernier vainqueur tricolore il y a 40 ans tout pile, et un nouveau Julian Alaphilippe qui avait fait rêver les foules avec une épopée en jaune en 2019. Seuls 11 coureurs français ont revêtu la prestigieuse tunique au XXIe siècle. Dont sept pour un jour à peine.

Et ce serait une erreur de croire que les Tricolores se rabattent sur le classement de la montagne, faute de pouvoir espérer quoi que ce soit au général. Certes, le Français Lenny Martinez s'accroche au maillot à pois, mais demeure sous la menace de Tadej Pogacar, qui voudra sûrement remporter quelques étapes dans les Alpes. Traditionnellement chasse gardée des Français, le barème des points distribués est désormais plus favorable aux cadors qui gagnent les étapes les plus exigeantes. Quant au maillot vert, ça n'a jamais vraiment été un objectif côté tricolore, faute d'un sprinter régulier qui passe les bosses depuis les années 1990. Le dernier Français en vert à Paris, c'était... Laurent Jalabert en 1995.

Reste à espérer que Kévin Vauquelin, porte-étendard de la nouvelle génération, parvienne à conserver sa belle place au général et capitaliser sur ses six top 10 d'étapes depuis le début du Tour pour sauver le bilan global, ou qu'une échappée au long cours se détache, vu que le classement général paraît déjà scellé.