REPORTAGE. "Quand je reviendrai, je pourrai enfin porter mon fils" : pour la première fois en huit mois, des Palestiniens traversent la frontière avec l'Égypte pour se faire soigner

Une nouvelle étape franchie dans la trêve entre Israël et le Hamas. Alors que trois nouveaux otages israéliens étaient libérés, samedi 1er février, un point de passage a rouvert à Gaza pour la première fois depuis mai dernier. En tout, 50 Palestiniens blessés et 53 accompagnants ont traversé la frontière au point de passage de Rafah, au sud de l’enclave, pour être soignés en Égypte. Leur passage s'est effectué sous la surveillance de fonctionnaires de l’Autorité palestinienne, et non du Hamas, appuyé par l’Union européenne, une première depuis 2007.

Le bus s’apprête à partir, Oum Khalil et son fils de 2 ans sont à l’intérieur. Le bébé souffre d’une malformation cardiaque. Il fait partie, avec sa mère, des 103 premiers Palestiniens, qui ont pu sortir de Gaza, après huit mois de blocus total. "Mon Dieu quel soulagement. C’est une merveilleuse surprise, exulte Oum Khalil. Je suis tellement heureuse, le petit va enfin pouvoir être soigné."

À côté d’elle se trouvent de nombreux enfants, atteints de cancer ou d’autres maladies graves, mais aussi des blessés, plus âgés, avec des séquelles irréversibles, comme Alaa. La jeune mère de famille est une survivante d’un bombardement israélien : "Je suis très heureuse. À l’étranger, ils vont pouvoir me poser des prothèses de bras. Quand je reviendrai, je pourrai enfin porter mon fils."

Tout le monde ne peut pas partir se faire soigner

La liste des blessés est longue et tous les candidats au départ n’ont pas été retenus. Ahmed pensait être inscrit, mais il restera finalement à Gaza. "J’ai un éclat dans l’œil, j’ai perdu la vue, explique-t-il. J’avais espoir de me faire opérer. On a été autorisés à monter dans le bus mais au dernier moment les Israéliens ont refusé d’accorder une autorisation à ma mère pour qu’elle m’accompagne. Et comme je suis mineur, je n’ai pas le droit de partir seul". Selon le ministère de la Santé du Hamas, à Gaza, ils sont 12 000 blessés comme Ahmed, à avoir besoin d’une prise en charge médicale immédiate.