Deux ans de guerre au Soudan : "La situation est catastrophique", alerte l'ONG Solidarités International
Après deux ans de guerre au Soudan, "la situation est catastrophique" dans le pays, alerte mardi 15 avril sur France Inter Caroline Bouvard, directrice pour le Soudan de l'ONG Solidarités International. Le pays connaît une guerre civile sanglante opposant l'armée à un groupe paramilitaire depuis le 15 avril 2023. Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts et plongé certaines régions du pays dans une famine extrême, selon l'ONU. Face à cela, "le volume d'aide humanitaire qui a été apporté par les différents pays du monde n'est pas suffisant", souligne Caroline Bouvard, qui se trouve à Gedaref, dans le sud-est du pays.
"La situation est catastrophique et malheureusement ne s'améliore pas", indique-t-elle. "Les combats s'intensifient dans une partie du pays. L'Est va mieux aujourd'hui, mais dans l'Ouest, notamment dans le Nord Darfour, sur la ville de El Fasher et le camp de réfugiés de Zamzam, les combats n'ont cessé de s'intensifier depuis quelques mois."
"La plus grosse crise humanitaire jamais connue"
Sur place, il y a une crise de l'eau, des destructions et une famine extrême. "Nous faisons tout ce qu'il est possible de faire, sachant que c'est la plus grosse crise humanitaire que le monde ait jamais connue en termes de nombre de personnes. C'est 30 millions de personnes qui ont besoin aujourd'hui d'une aide humanitaire, plus de la moitié de la population du pays", assure Caroline Bouvard. Son ONG organise des convois pour apporter de l'eau, de la nourriture, distribue des kits pour se construire un abri ou des kits d'hygiène "puisqu'une des inquiétudes, c'est que les maladies liées aux problématiques d'hygiène puissent se développer car ils vivent actuellement dans des conditions très rudimentaires".
L'ONG craint une baisse des financements dans les prochains mois, d'autant plus avec les coupes de l'administration Trump dans l'aide humanitaire. "Pour ce qui nous concerne, à ce jour, nous recevons toujours de l'aide des États-Unis. Elle a été, comme pour beaucoup d'ONG, interrompue pendant un temps et on a beaucoup d'incertitudes sur le fait qu'elle perdure et quelques problématiques pour se faire payer", indique Caroline Bouvard. "Il n'en reste pas moins qu'au vu de l'importance de la crise, aujourd'hui, le volume d'aide humanitaire qui a été apporté par les différents pays du monde n'est pas suffisant. Il y a moins de 50% des financements qui étaient nécessaires qui ont été fournis l'an passé. Et on s'attend à ce que cette année ce soit moins que cela, puisque la plupart des bailleurs ont annoncé des baisses de leurs financements. Les Américains de manière massive, mais pas seulement, c'est aussi le cas de la France et de l'Allemagne, par exemple."