Retrait de Joe Biden : que va-t-il se passer après le renoncement du président démocrate américain ?
Il a dû se résoudre à jeter l'éponge. Joe Biden a annoncé, dimanche 21 juillet, son retrait de la course à la Maison Blanche, après des semaines de spéculations sur ses capacités physiques et mentales. "Je pense qu'il est dans l'intérêt de mon parti et du pays que je me retire et que je me concentre uniquement sur l'exercice de mes fonctions de président jusqu'à la fin de mon mandat", a-t-il déclaré dans un communiqué. Le président démocrate a ensuite annoncé qu'il soutenait la candidature de sa colistière, Kamala Harris, pour le remplacer.
Depuis sa performance calamiteuse lors d'un débat le 27 juin face à Donald Trump, Joe Biden était sous pression, notamment dans son propre camp. De nombreuses personnalités démocrates ainsi que des donateurs l'avaient appelé à se désister, craignant une victoire écrasante du candidat républicain. Que va-t-il se passer désormais ? Franceinfo fait le point sur ce que l'on peut attendre des semaines à venir.
Plusieurs candidats possibles pour remplacer Joe Biden
Dès l'annonce de son retrait, Joe Biden a apporté son soutien à sa vice-présidente, Kamala Harris, pour le remplacer. Cette fille d'un père jamaïcain et d'une mère indienne a été la première femme et première personne noire à devenir procureure générale de Californie, puis la première sénatrice originaire d'Asie du Sud. Mais si sa candidature peut paraître naturelle, son profil ne fait pas l'unanimité dans le camp démocrate. Certains doutent de ses capacités à battre Donald Trump, tandis que d'autres rappellent l'échec de sa candidature à la présidentielle de 2020, souligne Politico. Quoi qu’il en soit, aucune règle électorale ne prévoit que le colistier ou la colistière prenne automatiquement la place du candidat en titre.
D'autres personnalités démocrates ont également été évoquées. C'est le cas du gouverneur de Californie, Gavin Newsom. A 56 ans, l'ancien maire de San Franciso a récemment multiplié les déplacements à l'étranger et fait diffuser des spots publicitaires pour vanter son bilan. Il a investi des millions de dollars dans un comité d'action politique. De quoi alimenter les spéculations sur sa prochaine candidature. Dimanche soir, après le renoncement de Joe Biden, il a salué sur X "l'un des présidents les plus influents et les plus altruistes" de l'histoire du pays.
Autre candidate possible : la gouverneure du Michigan, Gretchen Whitmer. Cette responsable de 52 ans dirige un Etat qui compte à la fois une forte population ouvrière et d'importantes communautés noire et arabe, autant d'électorats que Joe Biden peinait à séduire. Selon ses partisans, le Michigan sera l'un des Etats les plus disputés pour la présidentielle de novembre, faisant d'elle la candidate idéale pour le parti.
Le nom de Josh Shapiro, 51 ans, gouverneur de Pennsylvanie, circule également. Le démocrate est à la tête d'un des plus gros "Swing States". Ancien procureur général de cet Etat, il a dénoncé des agressions sexuelles commises par des prêtres catholiques contre des milliers d'enfants, et poursuivi le laboratoire Purdue, fabricant du puissant opiacé OxyContin.
Les délégués appelés à choisir
Même en cas de consensus parmi les démocrates sur le nom du candidat pour lui succéder, le processus pour formellement remplacer Joe Biden nécessite une autre étape, plus technique. Le président a été désigné comme le candidat des démocrates à la présidentielle à l'issue de primaires, qui se sont tenues de janvier à juin. Il devait donc, en théorie, être intronisé lors de la convention du parti, à Chicago à partir du 19 août.
Mais avec ce retrait, les délégués du parti, 3 900 personnes au profil très varié, sont libres de choisir leur candidat, sans forcément tenir compte de l'avis des électeurs lors des primaires, relève le Washington Post. Il est possible que le choix se fasse lors d'un vote virtuel avant la convention. Si une personnalité obtient la majorité des délégués, elle est alors officiellement désignée candidate pour le parti. Si ce n'est pas le cas, la décision sera prise lors de la convention.
Seuls les candidats ayant reçu les signatures d'au moins 300 délégués (dont pas plus de 50 d'un même Etat) peuvent se présenter, rappelle le Washington Post. Plusieurs tours sont possibles jusqu'à ce qu'un candidat obtienne la majorité des délégués. En 1924, il a fallu un nombre record de 103 tours pour désigner le ticket démocrate John W. Davis et Charles W. Bryan, relève CBS News.
Une campagne démocrate express à mener
Une fois un candidat choisi, restera un problème de taille : réaliser une campagne express de trois mois pour se faire connaître des électeurs. Kamala Harris partirait ici avec un certain avantage, puisqu'il est depuis près de quatre ans la vice-présidente de Joe Biden. L'ex-sénatrice de Californie, qui a déjà reçu le soutien de plusieurs élus, sillonne en outre les Etats clés depuis des mois pour faire campagne, notamment sur le droit à l'avortement, un thème clé de la présidentielle.
Cette courte campagne pourrait également être entachée de recours judiciaires. L'Heritage Foundation, un think thank ultraconservateur à l'origine du controversé Projet 2025, préparant le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, a déclaré qu'elle serait vigilante en cas de "litiges électoraux" dans certains Etats, dus au retrait de Joe Biden, cite dimanche The Telegraph.
Des interrogations sur le transfert des fonds de campagne
L'équipe de Joe Biden a récolté 91 millions de dollars (près de 84 millions d'euros) durant la campagne, mais les experts en financement politique ne sont pas tous d'accord sur la façon dont ces fonds pourraient être redirigés. La plupart estiment que cet argent pourrait être transféré sans difficulté à Kamala Harris. En tant que colistière de Joe Biden, les fonds étaient également enregistrés à son nom, développent AP et Reuters.
En revanche, si les démocrates choisissent un autre candidat, le transfert pourra être plus compliqué. L'argent pourrait être utilisé pour le nouveau candidat mais soumis à des restrictions d'usage. Il pourrait par exemple être transmis à un comité d'action politique (PAC) indépendant, une organisation qui collecte et dépense des fonds lors des élections, mais pas directement transmis au futur candidat, explique AP. Une solution peu idéale, pointe le New York Times, car l'argent d'un groupe extérieur ne peut pas être contrôlé directement par la campagne, et les PAC doivent payer des tarifs plus élevés pour la publicité par exemple.