« Au départ il y avait 36 corps, il n’y en a plus que 14 » : dans les morgues des hôpitaux de Damas, l’espoir d’un deuil après des années d’attente
Damas (Syrie), envoyé spécial.
Les roulettes du tiroir grincent dans un épouvantable cri métallique laissant apparaître une tête déformée par la décomposition. Puis le geste s’inverse, ramenant le cadavre dans le tiroir de la morgue comme on raccompagnerait un prisonnier dans sa cellule après extraction pour une visite.
Sur la porte, un voyant lumineux rouge semble vouloir indiquer une température. Pourtant, rien ne fonctionne vraiment, tout semble déglingué. La chambre froide, qui n’en a que le nom, n’est plus qu’un amoncellement de corps.
Un tableau d’horreur que masquent mal les bâches qui les recouvrent, posées là par le personnel de l’hôpital Moujtahed à Damas. Sur le côté, un sac rempli d’os. L’odeur de putréfaction est intenable, ajoutant à l’atmosphère moralement et physiquement irrespirable.
Hamadi Aboud, paysan d’Alep cherche son frère depuis dix ans
Peu importe pour ces dizaines de familles qui, depuis des années, cherchent leurs proches disparus un jour. Victimes de la corruption ou de la répression, parfois des deux. Hamadi Aboud, un paysan de la campagne orientale d’Alep, est venu jusqu’à Damas pour trouver une trace de son frère Hussein et de quatre de ses cousins.