Le cri d’alerte du plus gros producteur de lithium au monde sur la dépendance à la Chine

« Si nous voulons construire des chaînes d'approvisionnement occidentales [pour les voitures électriques], il faut agir maintenant». Le cri d’alarme est signé Kent Masters, directeur général du plus gros producteur américain de lithium, Abermarle. Dans une interview au Financial Times, le dirigeant s’inquiète des répercussions de l’effondrement du cours de la matière première, essentielle pour la confection des batteries des véhicules électriques. 

Après avoir tutoyé les 90.000 dollars il y a encore un an, la tonne de lithium tourne actuellement autour de 12.000 dollars. Difficile pour les acteurs occidentaux comme Abermarle de tenir la dragée haute à la Chine, dont les coûts de production sont moins élevés. La ressource ne vient pas du sous-sol chinois, mais les coûts bas ainsi qu’une série d’aides gouvernementales permettent à l’Empire du milieu de raffiner jusqu’à 65% du précieux métal. 

Dépendance à la Chine

Une dépendance dangereuse, alors que la plupart des pays sont engagés dans la transition de l’automobile vers l’électrique. « Nous ne recevons pas nécessairement le soutien du marché ou d'autres acteurs de l'industrie», s’est inquiété Kent Masters, à l’issue de résultats trimestriels marqués chez Abermarle par un programme de réduction de coûts et l’annulation de projets d’extension d’usine.

Si le sujet est identifié par les gouvernements de l’Ouest, le dirigeant semble sous-entendre que les mesures proposées jusqu’ici ne réussiront pas à inverser la tendance. Y compris l’Inflation reduction act de Joe Biden, que Kent Masters juge « important» mais qui n’a selon lui pas débouché sur des progrès concrets sur la question des métaux critiques. La France, elle, mise sur l’ouverture prochaine d’une mine dans l’Allier pour réduire sa dépendance. Celle-ci pourrait permettre de produire assez de lithium pour concevoir 700.000 batteries de véhicules électriques par an.