Nouveau plan d'acheminement de l'aide humanitaire à Gaza : "Nous assistons à une instrumentalisation", déplore l'Unrwa
Après deux mois et demi de blocage de l'aide humanitaire aux portes de la bande de Gaza, une ONG suisse – soutenue par les États-Unis – veut mettre en place un nouveau système d'acheminement des vivres. Un plan dénoncé par l'Unrwa. "Nous assistons à une militarisation et une instrumentalisation de l'aide", déplore mardi 20 mai sur France Culture, Natalie Boucly, la commissaire générale adjointe de cette branche de l'Onu.
Ce plan, présenté la semaine dernière par la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), envisage d'approvisionner entre 300 000 et 1,2 million de Gazaouis, selon un document mis en ligne par l'ONG. "Les canaux traditionnels d'aide humanitaire se sont effrondrés à cause des combats, du détournement systématique de l'aide et des restrictions d'accès", est-il écrit dans ce document. Pour "maximiser l'impact" de son action, l'ONG souhaite travailler en coordination avec l'armée israélienne afin de débuter ses distributions à la fin du mois de mai.
"Cette initiative prévoit qu'il y ait des sites de distribution sécurisés, gardés par des sociétés de sécurité privées et situés en dehors des cadres de coordination humanitaire établis", souligne Natalie Boucly. Pour la représentante de l'Unrwa, ce plan vient donc concurrencer les actions menées jusque-là par l'Onu et les autres ONG.
Des livraisons très insuffisantes
"L'aide doit respecter les principes humanitaires qui sont : neutralité, humanité, indépendance", regrette-t-elle en expliquant que la GHF "déciderait qui aurait le droit à quoi, et surtout avec des rations minimales". "Qu'on nous laisse faire notre travail", lâche-t-elle en conclusion.
Le blocus de l'aide humanitaire, décrété depuis le 2 mars par l'armée israéliennne, a décuplé le risque de famine. Depuis lundi, une reprise très partielle des livraisons a été autorisée. Neuf camions sont entrés lundi, cent doivent être autorisés mardi. Des livraisons largement insufisantes pour Natalie Boucly, qui rappelle qu'avant la guerre "il y avait entre 500 et 600 camions qui entraient chaque jour" dans l'enclave palestinienne.