REPORTAGE. "S'il lui arrive quelque chose, je pourrais l'aider" : en Ukraine, une mère et sa fille engagées dans la même brigade
Un nouvel échange massif de prisonniers et l'échange de milliers de corps de soldats morts au combat : voilà l'une des principales avancées, après la deuxième série de pourparlers de paix entre l'Ukraine et la Russie, à Istanbul, lundi 2 juin, pour trouver une issue à ce conflit qui s'étire depuis déjà trois ans et demi. Mais au front, la guerre continue et les Ukrainiens tentent de garder la tête hors de l'eau en unissant leurs forces. Comme ces deux femmes : une mère et sa fille, engagées ensemble dans la même brigade, dans l'est de l'Ukraine.
Même visage, même tee-shirt militaire. La maman s'appelle Olga, 48 ans, sa fille, Maria, 21 ans seulement. Toutes deux ont été déplacées de Louhansk, région prise par les Russes. Maria termine, en 2023, son académie militaire lorsque sa mère l'appelle : "Elle me dit : 'Ma petite Maria, j'ai vu un panneau publicitaire pour l'armée, je crois que je vais m'engager !' Alors je lui ai dit : 'Attends, maman, laisse-moi réfléchir'."
"Dès que je peux, je passe manger"
La jeune femme se renseigne, choisit pour elles deux la brigade Khartia, dont on dit du bien. Olga, ex-infirmière dans le civil, y trouve un poste d'assistante médicale auprès des soldats. Maria la rejoint six mois plus tard, diplôme en poche, chargée de gérer le personnel. Elles travaillent maintenant à l'arrière du front, à quelques kilomètres l'une de l'autre : "C'est bien de savoir que ma mère est là. Je sais que s'il lui arrive quelque chose, Dieu m'en préserve, je serai la première informée et je pourrai l'aider."
Mère et filles, pourtant, se croisent peu, une fois tous les 15 jours en moyenne. "Ou alors, confie Olga, juste le temps d'un bisou." Maria repart souvent avec un Tupperware : "Les petits plats de maman sont toujours les meilleurs ! Dès que je peux, je passe manger une soupe froide au lait fermenté ou des pirojkis (petits pains briochés) à la pomme de terre."
La jeune femme dit qu'elle est très fière de sa mère, de son engagement dans l'armée, qui pourrait bien durer, malgré les négociations de paix.
"Connaissant nos voisins russes, la guerre ne finira probablement pas de sitôt"
Olgaà franceinfo
L'autre enfant d'Olga, son fils, est aussi devenu militaire. Pas son mari, pompier à la retraite. "C'est bien qu'il y ait au moins l'un de nous hors de l'armée, sourit Maria à propos de son père. Je voudrais que tout ça se termine au plus vite, que mes parents se retrouvent à la maison, que la vie paisible reprenne pour tout le monde." À 21 ans, Maria prévoit de rester engagée quoi qu'il arrive : "Même si le conflit se termine, dit-elle, je continuerai à servir dans l'armée."